Dieuzaide et Doisneau de nouveau réunis au Château d'Eau - Destination Reportage

Dieuzaide et Doisneau de nouveau réunis au Château d’Eau

Jean Dieuzaide au chateau d'eau Toulouse Photo Courrière

Cette année nous fêtons les 40 ans du Château d’Eau, toute première galerie municipale dédiée à la photographie en France. En 1974, c’est Robert Doisneau qui a ouvert le bal en étant le premier à y être exposé. Depuis, les plus grands et les plus talentueux photographes du monde y sont passés au moins une fois. Beaucoup ignore que c’est Jean Dieuzaide un photographe toulousain et ami de Robert Doisneau qui a fondé cette institution aujourd’hui mondialement connue et reconnue. Le 10 septembre prochain, une exposition hommage Dieuzaide/Doisneau sera présentée au public afin de rendre hommage au créateur de la galerie ainsi qu’à son ami de toujours et son alter égo parisien.

Michel Dieuzaide, le fils du photographe et pendant un temps directeur du Château d’Eau, présente cette exposition inédite qui a pour but de montrer l’approche identique des deux photographes humanistes à travers leurs travaux.

J’ai eu la chance de feuilleter le superbe catalogue de cette exposition avant même qu’il parte chez l’imprimeur, et je peux vous dire que cette exposition promet d’être incroyable !

Dieuzaide Doisneau

En 1968, lors d’un vernissage à la Bibliothèque Nationale de la rue de Richelieu à Paris, Jean Dieuzaide s’était publiquement offusqué de voir des photographies présentées sans cadres, sur des contreplaqués, dans un coin relégué de l’établissement… Il s’agissait d’une exposition consacrée à Robert Doisneau !
Le toulousain fit alors à son ami la promesse d’un jour venger cet affront.
En 1974, Jean Dieuzaide inaugurait à Toulouse La Galerie du Château d’Eau avec une rétrospective consacrée à son ami parisien. Parole tenue ! Doisneau y sera de nouveau exposé en 1979 et 1994.
Seuls des amis photographes ayant ainsi eu la faveur de transgresser la règle de l’exposition unique en vigueur dans ce lieu…
Alors que Robert était assez désabusé sur son métier et la considération qu’en avaient aussi bien les pouvoirs publics que le milieu de l’art, Jean Dieuzaide avec la persuasion qu’on lui connaît,et dans la lutte constante qu’il mena pour donner à la photographie ses lettres de noblesse,parvint à convaincre son ami de lui confier ses négatifs. La plupart des tirages furent faits à Toulouse dans l’atelier de la rue Erasme. Et l’exposition inaugura le Château d’Eau. Doisneau confia peu après que cette rétrospective fut pour lui, le seuil d’un nouveau départ dans la reconnaissance de son œuvre.
Mais il s’agissait d’un temps ou la concurrence entre les photographes n’existait pas. Plutôt assimilés à des artisans qu’à des artistes, ils se soutenaient mutuellement, chacun faisant profiter l’autre de ses astuces, ses découvertes, et autres tentatives…
Entre Robert et Jean, cette attitude corporatiste n’avait pas cours, et se doublait d’une profonde estime réciproque. On mesure le tissage lent et sûr de cette amitié, à l’importante correspondance qu’ils ont entretenue, et aux rencontres régulières lors de vacances, de reportages, ou de salons consacrés à la photographie. Le toulousain eut le prix Niepce en 1955, et le parisien en 1957. Jean Claude Gautrand réalisa la monographie de Jean Dieuzaide en 1992 (Editions Marval), il vient de publier celle de Robert Doisneau (Editions Taschen).
La fréquentation assidue de chacune des deux œuvres a progressivement donné une évidence à la réalisation de ce projet. Non dans l’idée de les comparer, mais plutôt de montrer, combien deux hommes pratiquant le même métier à la même époque, avaient pu avoir, au travers de la photographie, une approche identique de leur temps et des humains qu’ils côtoyaient. De troublantes correspondances qui se sont le plus souvent faites sans que l’un n’ait connaissance des travaux de l’autre…
Il s’agit donc bien d’une attitude qui relève de la combinaison entre la pratique d’un métier à une certaine époque, et l’indéniable dimension humaine qui était la leur. Voilà où ce livre à deux voix peut avoir un sens, pour l’histoire même de la photographie. C’est du moins dans cet esprit
qu’il a été conçu, offrant le témoignage d’hommes, d’artistes, qui ont su donner à leur métier un engagement total. Créant ainsi les prémices d’un art que tout le monde aujourd’hui s’accorde à reconnaître comme majeur. Puisse cette trace d’amitié poser sur l’avenir incertain, un rai de lumière qui force l’adhésion des jeunes photographes à la noblesse de ce métier.


Michel dieuzaide – Castelvieilh, Eté 2014

Photo : Jean Dieuzaide au chateau d’eau Toulouse (crédit : Courrière)



photographe professionnel
Fred
Photoreporter professionnel pour la presse magazine (Paris Match, VSD, le Figaro Magazine, le Pèlerin, Géo Ado, Stern, etc...)
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