Jean Dieuzaide, photographe aviateur
Principalement connu pour ses photographies en Espagne de « Dali sortant de l’eau » ou encore la célèbre « petite fille au lapin », Jean Dieuzaide est aussi et surtout l’un des plus grands photographes « aériens » de sa génération. Né dans l’un des principaux berceaux de l’aviation, il est véritablement passionné par l’aéronautique.
« Je dois reconnaître que la photographie m’a choisi alors que je voulais être pilote, mais je ne regrette rien ». Jean Dieuzaide.
Devenir photographe n’est pas au programme pour le jeune Jean, qui prendra d’ailleurs le pseudonyme « Yan » pendant de longues années car il ne veut pas associer ce métier, qu’il ne juge alors pas assez prestigieux, au nom de sa famille. Le jeune toulousain veut préparer Saint-Cyr pour entrer ensuite à l’école de l’air de Chalon-sur-Saône et devenir Pilote.
Sa passion pour tout ce qui vole, le pousse à créer à 15 ans une section d’aéromodélisme à l’aéroclub de Cannes et il en devient président deux ans plus tard, « il y avait quand même plus de 200 personnes dans ce club ! » sourit sa femme.
La passion de la photo d’aviation
Changement de plan et de destin pour Jean Dieuzaide, il embrasse alors la carrière de photographe de presse… sans s’éloigner pour autant de sa passion pour l’aviation. Dès la fin des années 1940, il devient le photographe « officiel » de Sud Aviation (futur Airbus) et commence alors un imposant travail photographique sur les tarmacs de la région.
Cependant, l’aviation ne lui apporte pas que des joies. En 1949, il brave une interdiction de photographier le vol d’essai de « l’Armagnac », premier gros-porteur long-courrier français de l’après-guerre, à Toulouse. Ayant habilement dissimulé son Rolleiflex sous un grand manteau noir, il réalise de superbes clichés du vol d’essai, qu’il revend en exclusivité à la revue « Les Ailes ». Quelques jours plus tard, la DST viendra frapper à sa porte et après un interrogatoire musclé, l’emmènera à la prison de Bordeaux. Mais bien qu’accusé d’espionnage « pour une puissance ennemie », Yan sera aussitôt relâché. Sud aviation réalise en 1956 qu’ils ne peuvent pas se passer de son tallent et de son expérience et feront appel à lui pendant de très nombreuses années.
Jean Dieuzaide à bord d’un Nord Atlas, porte de soute ouverte, en 1961
Le 11 décembre 1971, à l’occasion du premier roulage du Concorde, il rencontre André Turcat, pilote d’essai et futur fondateur de « l’Académie de l’air et de l’espace ». Une amitié va naître alors entre les deux hommes, qui vont ensemble réaliser un livre de photographies aériennes « Toulouse vue par les oiseaux ».
André Turcat lors du premier roulage du Concorde, 1971
Photographe acrobate
Afin de réaliser le cliché qu’il a en tête, le photographe ne recule devant aucun obstacle. Il grimpe en haut de l’église des Jacobins en 1950, puis sur des échafaudages en bois dans l’abbaye de Conques en Aveyron pour photographier des détails du tympan qui orne l’entrée de l’édifice en 1960. On le voit aussi grimper en haut de la cheminée de l’ONIA (futur AZF), sans sécurité.
Prendre de l’altitude au mépris du danger est devenu une seconde nature pour Jean Dieuzaide, qui s’invite au mariage aérien des « Diables Blancs », en mai 1954, en grimpant sur les épaules du père de la mariée, lui même sur un câble !
Visite de De Gaulle à Toulouse, février 1959.
Pour être sûr de pouvoir s’envoler à tout instant, il achète même un petit avion, un Piper Cub L-18. Il n’aura jamais le temps de passer son brevet de pilote mais obtiendra une licence pour pratiquer la photo aérienne en 1951. Il prend ses photos des Pyrénées, assis à bord d’un avion cargo ou d’un hélicoptère, portes ouvertes et jambes pendant dans le vide, aux limites de la sécurité !
Il s’écrase le 2 juillet 1950 tandis qu’il faisait des photos de la Garonne à très basse altitude. Le visage en sang, il s’extrait de la carcasse en feu de l’appareil, son appareil photo en main.
« On ne doit pas refuser l’obstacle, il faut s’obstiner, le franchir », écrit Jean Dieuzaide, citant Robert Capa, son maître.
Prise de vue à Sud Aviation en fauteuil roulant après un accident en mars 1972
Photo Emmanuel Decaillé
Le résultat de ces prises de risque est à chaque fois incroyable. A l’image de la photo du décollage de la Caravelle, qu’il réalisé en s’installant carrément au milieu de la piste avec l’accord des pilotes d’essai, tandis que l’appareil le frôle.
En 2005, la ville de Blagnac achète le fond photographique spécifique à l’aéronautique du photographe. La collection sera visible dans le musée de l’aéronautique « Aéroscopia », qui héberge déjà le Concorde et bien d’autres oiseaux métalliques que Jean Dieuzaide a immortalisé avec tallent et passion.
Plus d’informations sur le photographe sur son site internet
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