Objectif Barkhane : Première fois en Opex
Quand on commence à s’intéresser à la photographie et au journalisme, on est forcément très vite attiré par le grand reportage, et ont se met à admirer les « reporters de guerre », ces têtes brûlées qui risquent leur vie pour informer les autres.
Mais on ne se rend pas compte de tout ce que cela représente. « Le photojournalisme est devenu un sport de riche », me répétait l’un des photographes interviewés dans le cadre de mon mémoire sur l’avenir de cette incroyable profession. Et il avait absolument raison. C’est enfoncer une porte ouverte que de dire que la photo, c’est cher. Mais c’est encore plus vrai concernant le reportage de guerre.
Je n’aurai pas la prétention de m’autoproclamer « reporter de guerre », mais en décembre dernier, j’ai eu la chance de partir en Afrique noire pour réaliser un reportage sur les forces armées françaises et maliennes dans le cadre de l’opération extérieure « Barkhane ».
Sur la carte du monde que diffuse le ministère des affaires étrangères et Reporters Sans Frontières, les deux pays que je m’apprête à visiter sont rouge vif. De quoi inquiéter mes proches et quelques uns de mes collègues qui ont déjà eu l’occasion d’aller en zones de conflits.
Mais de mon côté, ce qui m’embête le plus, c’est la très lourde préparation pour ce petit voyage au Mali et au Niger.
Avant le départ
On ne part pas en Afrique comme ça, du jour au lendemain. Avant de pouvoir poser les pieds sur le territoire nigérien, il faut plusieurs prérequis administratifs et de santé.
Première étape : les visas. Deux dans mon cas, donc deux fois plus de prises de tête (et deux fois plus de frais, et ce n’est que le début !).
Deuxième étape : les vaccins. Fièvre jaune et typhoïde, hépatite A et B, sans parler des rappels éventuels pour la diphtérie, tétanos, poliomyélite et coqueluche. Non, non ! Ne fermez pas la fenêtre, on va parler photo, promis !
Enfin, ne pas oublier les anti-moustiques et le traitement pour le palu et merci la sécu de ne rien rembourser de tout ça…
Dernière petite blague de l’infermière du centre de vaccination qui, en prenant ma CB, me lance sa petite blague « ah ouais on vous a mis la totale ! »
Troisième étape : l’assurance. Et figurez vous que la Matmut, ben elle assure… PAS les « photographe de presse en zone de guerre »… Finalement, je me rabats sur une assurance proposée par un partenaire de Reporters Sans Frontières (RSF), que je rejoins du même coup comme adhérent.
Extrait de reportage à Gao, formation des Forces Armée Maliennes (FAMa)
Léger, léger et léger
Les trois mots clés concernant l’équipement à prendre avec soi quand on part pour 10 jours dans une zone de tension, à 4000 km de chez soi. Difficile, voire juste impossible quand on est photographe professionnel… (Mais comment font les JRI avec leur matos vidéo ?!)
Je décide de partir avec deux sacs, un sac de vie, un petit sac photo. Dans le cadre d’un partenariat avec des marques, presque tout ce que j’amène avec moi, a été fourni pas des entreprises qui me soutiennent. Une chance parce que ce reportage coûte très cher et ne va pas être évident à vendre.
Dans mon sac (Defcon5) de vie, je prends le strict minimum en terme de vêtement, une petite trousse de toilette, une moustiquaire, quelques barres énergétiques et un duvet 0°C (les nuits sont très fraiches dans le désert).
Dans mon sac photo, gentiment envoyé par Manfrotto (dont je suis devenu ambassadeur récemment), je m’étonne moi même de la quantité de matériel que je peux emporter ! Voici la liste :
2 boitiers Fuji XT1
1 boitier Fuji X100T
1 optique 10-20mm 4
1 optique 16-55mm 2.8
1 optique 50-140mm 2.8
6 batteries
6 cartes SD (16 et 32go)
1 dictaphone Sony pour prendre du son
Et vous savez quoi ? Tout tient parfaitement dans mon petit sac Manfrotto, modèle « Advanced Befree Messenger » (disponible en 15″ sur ce lien)
D’ailleurs, en arrivant dans le camp militaire français, j’ai l’impression de passer pour un touriste avec si peu de matos…
La force de Fujifilm
Attention, même si je suis en partenariat avec la marque Fujifilm, ma démarche ici ne consiste pas à jouer le commercial et à vous convaincre d’acheter ce matériel. Mais à mon avis, cela peut être intéressant, si vous vous intéressez à la photo de voyage, d’avoir mon retour d’expérience sur ce dernier.
J’ai fait le choix de laisser mon matériel Nikon, et mon lourd D4, à la maison pour ce reportage. A la place, j’ai opté pour la légèreté et la discrétion imparable des Fuji XT1. Deux boitiers, pour un confort de travail et pour ne pas avoir à changer trop souvent d’optique (le sable et la poussière sont des fléaux pour le matos photo).
La discrétion est absolument primordiale pour ce genre de sujet, car mon objectif était de photographier les soldats français dans leur quotidien, dans leur vie de tous les jours. L’idée n’était pas de les espionner ou de les « shooter » à leur insu, mais bien de capter des instants naturels et représentatifs de leurs conditions de vie et de travail, loin de leur famille en pleines périodes de fin d’année. Chose quasi impossible avec un gros reflex comme le D4…
Le fait de pouvoir déclencher sans aucun bruit est également intéressant car mon objectif est aussi de réaliser un diaporama sonore, donc prendre du son sans le bruit de mon propre obturateur.
« Embedded » avec l’armée
Casque lourd, gilet pare-balle et appareils photos en bandoulière, ça y est, me voilà reporter en zone de guerre. Finalement, ce n’est pas si impressionnant que cela, car l’ennemi n’est plus très puissant dans cette région d’Afrique, même si des tirs de roquettes visent régulièrement les positions françaises et de l’ONU dans le secteur.
Mais pour moi, c’est en quelque sorte une « promenade de santé », dans le sens où je ne prends pas vraiment de risques, que je suis presque tout le temps avec des militaires, qui plus est armés jusqu’aux dents (étant donné la dangerosité relative du lieu).
Ce type de reportage, « embedded » avec l’armée, c’est à dire « intégré » dans un groupe de militaires, est parfois décrié par certains professionnels du journalisme, car il mettrait à mal « l’objectivité journalistique » (oui, moi aussi cela me fait bien rire).
Pourtant, il permet au contraire de montrer des réalités intéressantes sur le quotidien des soldats, qui plus est en Opex. Il permet également de créer des affinités ou du moins un peu de complicité, lorsque la traditionnelle et stérile et stupide barrière « journaleux VS bidasse » est explosée et que la confiance est établie.
Lors de mon premier jour à Ansongo (au sud est du Mali), le commandant de la base me demande s’il est possible de faire une petite photo de groupe de son unité, devant le fleuve Niger. Bien évidemment je me fais une joie de faire cette drôle de photo de classe d’une trentaine de militaires, armés et posant devant leurs véhicules blindés, avec un superbe arrière plan.
Mais je suis encore plus heureux quand j’apprends que les photos vont servir de « cartes de vœux numériques » pour les familles de ces militaires. C’est dans ces moments là que je suis content de faire de la photographie.
Le meilleur conseil de reporter photographe
Mais si vous suivez mon blog et que vous faites partie des plus motivés qui sont encore en train de lire cet article, c’est surement grâce aux conseils que je partage avec vous pour réussir vos photos de voyage. Et cela tombe bien, car ce reportage en Afrique a confirmé une chose vraiment primordiale, un élément qui fera de votre voyage photo un succès ou un échec : la préparation.
En fait, absolument tout, en photographie, est question de préparation. Vous aurez beau avoir le matériel le plus performant du monde, avoir la chance de voyager dans les plus beaux coins de la planète, sans préparation et sans méthodologie, vous ne serez pas capable de faire les plus belles photos, celles dont vous serez vraiment fiers.
Vous l’avez lu au début de l’article, avant de partir, il y a des prérequis administratifs et de santé, mais l’une des étapes les plus importantes en terme de préparation, c’est d’élaborer une check-list (et de surtout la suivre à la lettre) pour être sûr et certain de ne rien oublier, de partir avec le strict minimum et ce qui est essentiel.
Formation des FAMa à la cartographie pour pouvoir planifier et coordonner des opérations conjointes.
Personnellement, depuis les premiers jours où j’ai commencé la photographie au niveau professionnel, je me suis créé plusieurs check-lists. Car la photo, c’est parfois bête et méchant, surtout quand on débute et que l’on a pas encore tous les automatismes. Cela peut énormément aider d’avoir un petit rappel de ce qu’il faut et ce qu’il faut faire pour réaliser de bonnes photos.
C’est pourquoi je suis en train de finaliser un nouvel ebook dans lequel je compile tout ce que vous ne devez pas oublier de prendre ou de faire lorsque vous partez en voyage. A l’intérieur, on parlera de matériel, mais aussi des réglages de l’appareil pour une fois que vous êtes sur le terrain, en prise de vue.
Je vous dévoilerai également mes méthodes pour réaliser mes reportages, tout ce que j’ai appris en école de journalisme mais surtout d’autres photographes pro, qui me permettent de rentrer de 10 jours au Mali et au Niger avec plus de 10 reportages photos différents pour les magazines, avec des photos uniques à chaque fois !
Je vous en parle très prochainement par mail, alors si ce n’est pas déjà fait, abonnez vous à ma newsletter dès maintenant, en cliquant ici !
Pour voir plus de photos de mon reportage, rendez-vous sur le site de Hans Lucas, l’excellent collectif de photojournalistes dont je fais désormais partie : « Jour 100 à Ansongo – Fred Marie »
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