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[VIDEO] Regardez le documentaire « Sur les pas de Dieuzaide »

C’était l’un de mes plus gros projets de l’année 2014 : la production et la réalisation du documentaire-événement « Sur les pas de Dieuzaide ». L’idée était simple, rendre hommage à Jean Dieuzaide, l’un des plus grands photographes de l’Histoire, fondateur du Château d’Eau (la première galerie photographique dans le monde).

Pour se faire, j’avais proposé à mes amis de l’équipe Pyrénaline, de m’aider à reproduire l’une des plus célèbres photos du Toulousain, à savoir celle du mariage des Diables Blancs, réalisée dans des conditions incroyablement périlleuses, 60 ans auparavant.

L’idée d’installer des highlines (sangles molles de 2,5 cm de large) dans la Ville rose nous trottait déjà tous dans la tête, et la mythique place du Capitole était en pôle position dans la liste des endroits à équiper. Nous avions donc le mobile, les protagonistes et le lieu. Il ne restait plus qu’à trouver comment installer une ligne à plus de 10 mètres de haut, au-dessus de 4 étages de parking souterrain, si possible sans faire un trou dans la place…

De fil en aiguille, nous avons trouvé les partenaires pour réaliser cette grosse opération. Avec presque 0 euros de budget, ni subvention, nous avons progressivement trouvé des soutiens, constitué une équipe de personnes talentueuses, motivées et professionnelles, et monté en quelques mois, cet événement fédérateur puisqu’il a réuni plusieurs milliers de personnes sur la place du Capitole, le 11 octobre 2014, pour un spectacle gratuit et complètement unique.

Une belle aventure humaine

Même s’il n’a pas été complètement trouvé pour la partie financière, l’équilibre était au rendez-vous pour ce projet plein de challenges. Un bel équilibre entre plusieurs univers, ceux du sport, de la culture, de la photographie, du patrimoine et même du spectacle et du cirque ! Ces longs mois de travail, aussi bien dans la phase de préparation de l’événement que de sa réalisation et les longues heures à tourner et monter le documentaire, ont été incroyablement riches en émotion, pour toute l’équipe.

Il s’agissait d’une aventure humaine et surtout participative. Beaucoup de personnes ont donné de leur temps et de leurs savoir-faire pour que ce projet soit mené à bien (au niveau de la Mairie de Toulouse, de l’équipe Pyrénaline, des copains et copines qui gravitent autour, notamment notre couturière en chef qui a réalisé en un temps record une robe de mariée pour Paulo ! Encore bravo à elle !). Un crowdfunding a été réalisé et plusieurs dizaines de donateurs (que je remercie à nouveau), ont permis le succès de cet événement. Les festival Pyrénicimes ainsi que nos amis de Slack.fr nous ont aidé financièrement pour payer une partie des frais d’organisation.

Le documentaire en libre accès

Pour fêter les un ans de cet incroyable projet et partager avec vous cette inoubliable expérience, je vous propose de regarder ce documentaire de 25 minutes, qui raconte l’histoire de cet hommage. Vous y découvrirez la genèse du projet, les entraînements de l’équipe en Espagne et à Cordes sur Ciel, et vous vivrez (ou revivrez pour celles et ceux qui étaient présent(e)s avec nous il y a un an) ce nouveau mariage de funambules, sur la belle place du Capitole !

Bon film !

Production : On Stage Studio
Réalisation : Frédéric Marie
Equipe de tournage : Nicolas Eychenne, Frédéric Scheiber, Florent Martin (Adronis)
Montage : Frédéric Marie, Steve Cossé
Funambules (Pyrénaline) : Paul-Antoine Gauchon, Remy Moretto, Adrien Pieplu, Matthias Mauclair
Costume / maquillage : Gaëlle Botta
Logo : Rémi Benoit
Partenaires : Pyrénaline, Mairie de Toulouse, Slack.fr, Le Cirque des Cirques, Atelier Dieuzaide, Cinémathèque de Toulouse, Adronis, Académie de l’air et de l’espace, Manifesto, Numériphot, Objectif News, Velmedia.
Merci à Hervé et tous les autres copains que je n’ai pas cité pour l’aide technique !



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Sur les pas de Dieuzaide, pari réussi !

Au départ, il s’agissait « simplement » d’installer une highline dans Toulouse. Mais avec Pyrénaline, il est rare qu’un projet ne se transforme pas en un autre… encore plus fou. Il y a maintenant un an, nous nous lancions dans une incroyable aventure sportive et culturelle : le « projet Dieuzaide ».

L’objectif de ce dernier : installer une highline au dessus de la place du Capitole pour y reproduire la célèbre photo du mariage des funambules de Jean Dieuzaide. Il y a 60 ans, assis sur les épaules d’un funambule, à plus de 10 mètres de haut, le photographe toulousain immortalisait le mariage des « Diables Blancs » de mai 1954.

REPET FRED MARIE-03Photo : Frédéric Scheiber

Défi technique et performance sportive

Reproduire ce mariage n’aura pas été des plus reposant, ni des plus simple techniquement parlant. Si installer une « highline » (sangle de 2cm de large) n’est plus un secret pour les funambules de Pyrénaline, qui en ont récemment placé une sur la Brèche de Roland à 2800 mètres d’altitude, la configuration de la place du Capitole est très complexe. En effet, depuis le mariage de 1954, un parking souterrain a été construit sous la célèbre place toulousaine. L’équipe a donc été obligée de respectée un très contraignant plan de surcharge afin de répartir les quelques 16 tonnes de lest et supporter les centaines de kilos de tension de la sangle.

DSC_9823

C’est le « Cirque des Cirques » une compagnie de cirque basé à Cordes sur Ciel (dans le Tarn), qui a fourni la structure. Habituellement utilisée pour soutenir un chapiteau de spectacle, elle permit aux nouveaux funambules de traverser les 30 mètres de slackline, en plein milieu de la place. Au delà de l’exploit technique d’une telle installation, il est aussi question d’un exploit sportif, car cette traversée à deux aura aussi été une première en highline.

Un documentaire toujours en cours de production

Cette incroyable aventure fera très bientôt l’objet d’un film documentaire de 26 minutes. Produit par une association et avec de petits moyens, nous avons besoin de vous pour soutenir ce dernier ! Pour se faire, vous pouvez participer à la campagne de crowdfunding en cliquant sur ce lien. Vous aurez également la possibilité de recevoir d’intéressantes contreparties, du simple téléchargement du film en avant première, à des tirages numérotés de Jean Dieuzaide !

Plus d’informations

Capture d’écran 2014-10-14 à 16.42.34

L’heure des remerciements

Tout d’abord, un grand merci à toutes les personnes qui étaient présentes le 11 octobre dernier sur la place du Capitole ainsi qu’à tous nos partenaires !

Nous avons eu beaucoup de retours très positifs à propos de ce projet et cela nous touche. Nous entendons également les quelques critiques ou interrogations quant à la prestation du Capitole. Cette organisation était une grande première pour la plus part d’entre nous. Organiser et scénariser un spectacle mêlant cirque et sport n’est pas du tout évident, surtout avec peu de moyens, ni de temps.

Par ailleurs, l’objectif était de rendre hommage à cet événement et à travers lui, à Jean Dieuzaide. Il était évident dès le départ, que le rendu final serait sensiblement différent, étant donné que la discipline n’était pas la même (funambulisme sur sangle et non pas sur câble).

Nous espérons cependant que le spectacle vous a plu !



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[Grand écran] « Dieuzaide, regards en partage »

Jean Dieuzaide

Récemment, j’étais invité à la première d’un documentaire sur Jean Dieuzaide, réalisé par Philippe Roussilhe sur une idée de Jannick Ser. Avant d’être diffusé sur l’antenne de France 3, c’est au musée des Abattoirs de Toulouse que ce 52 minutes a été présenté pour la première fois sur grand écran.

Inutile de faire état de mon enthousiasme quant à ce petit événement, s’inscrivant dans une période faste pour l’héritage de Jean Dieuzaide. En effet, 2014 est une belle année anniversaire de l’oeuvre de ce grand photographe, qui en a inspiré tant d’autres. C’est d’ailleurs l’angle de ce documentaire. A travers le regard de trois photographes reconnus, Philippe Guionie, Hervé Lequeux et Anne Rearick, les auteurs parlent de Jean Dieuzaide, mais avant tout de photographie.

Philippe Guionie

C’est de mon point de vue (de photographe), la force de ce documentaire. Qu’est ce que la photographie ? Quel est l’intérêt de l’acte photographique ? De grandes questions, dont au final chacun a ses propres réponses. C’est cependant intéressant d’avoir celle du Toulousain Philippe Guionie. Son travail, que l’on retrouve dans la presse, les galeries d’art et sur son site internet, est empreint de l’héritage de Jean Dieuzaide, même s’il clame haut et fort dans ce film, qu’il ne se revendique jamais d’un seul « courant ».

Au delà de ce regard croisé sur la photographie, on apprend qui était Jean Dieuzaide. Ce grand Toulousain, talentueux et généreux, précurseur et voyageur, intervient à travers des archives audio et vidéo dans ce documentaire. Des anecdotes et des « explications » de photographies célèbres, comme celle de « la petite fille au lapin » ou de « la Gitane » viennent enrichir ce document si important pour la mémoire de la photographie.

Ce documentaire est produit par « Les films Figures Libres » et sera diffusé sur France 3 Sud Ouest le vendredi 26 septembre 2014 à 22h30, puis sur France 3 Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon le samedi 27 septembre 2014 à 15h20.

Je vous invite vivement à le regarder et partager votre point de vue sur ce film dans les commentaire de cet article 😉

Crédit photo : Jean Dieuzaide / Philippe Guionie



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Jean-Marc Lacabe : « la diffusion de la photographie en France doit beaucoup à Jean Dieuzaide »

Jean Marc Lacabe

Actuel directeur du Château d’Eau, Jean-Marc Lacabe, remplace Michel Dieuzaide en 2001, à la tête de cette institution de la photographie fondée par Jean Dieuzaide il y a maintenant 40 ans. Rencontre avec un passionné de photo d’art.

Destination Reportage : En tant que directeur du Château d’Eau, quelle est votre mission ?

Jean-Marc Lacabe : Ma mission est strictement éducative, car une telle structure s’adresse d’abord au public. Nous avons une programmation assez ouverte, cela va des photographes historiques aux nouveaux talents. Je considère que c’est le passé qui éclaire le présent et l’avenir, mais si on ne tient pas compte des nouvelles générations, on s’éteint. Nous avons une mission d’éveil. Mais nécessairement le pendant de cette position est l’aide à la création.

Comment cela se traduit-il concrètement ?

Nous aidons à la création et à la production. Exposer ses œuvres au Château d’Eau est une forme de reconnaissance, il arrive que cela soit un tremplin. Nous avons deux salles dans la « grande galerie » dans la tour, et une petite galerie au sous-sol, dans laquelle sont justement présentés de jeunes artistes.

Cet objectif était il celui de Jean Dieuzaide lorsqu’il a créé ce lieu d’exposition il y a 40 ans ?

Oui. L’idée était d’apporter la connaissance de la photographie au public, montrer des œuvres qui constituent des repères pour les gens.

château d'eau Dieuzaide

A partir du 10 septembre, une exposition sera consacrée à Jean Dieuzaide et Robert Doisneau, pourquoi ce choix ?

Cela semblait évident de faire quelque chose sur Doisneau qui fut le premier à être exposé en 1974 au Château d’Eau. Et encore plus évident d’inclure Jean Dieuzaide. La diffusion de la photographie en France lui doit beaucoup. Notamment à travers ce lieu d’exposition permanent.

Quelles sont vos ambitions pour le Château d’Eau ?

Le raser et construire une pyramide dédiée à la photographie sur la place du Capitole à la place ! (Sourire). Je souhaite maintenir et redonner de l’énergie à ce bâtiment. On y montre des choses que d’autres lieux ne montrent pas, ou qui ne sont pas toujours ouverts aux émergents.

Aujourd’hui il y a de très nombreux événements dédiés à la photographie en France, notamment plusieurs festivals…

Il y a certes une prolifération importante de festivals, mais c’est bien d’avoir des lieux qui calment cette frénésie. La rencontre avec l’art nécessite du temps et de la réflexion ! Aujourd’hui il y a beaucoup de productions photographiques car la technologie le facilite. Il y a de plus en plus de gens qui ont besoin de trouver un moyen de se distinguer. D’ailleurs Pierre Bourdieu l’avait déjà souligné dans « Un art moyen, Essai sur les usages sociaux de la photographie ».

Le Château d’Eau est très réputé dans l’univers de la photographie en France et dans le monde…

Je constate en effet que pour les jeunes générations de photographes, c’est encore un lieu qui compte. Je me rends compte de la légitimité du Château d’Eau, même hors de France ; il arrive souvent que de jeunes photographes étrangers viennent me solliciter pour des lectures de portfolio. Il y a peu de centres photographiques forts en France. D’ailleurs, notre centre documentaire est le deuxième plus important de France ! Historiquement, la photographie a trouvé sa place à Toulouse. Par exemple la troisième Société de photographie, après Londres et Paris, s’est créée ici. Pourtant, on pourrait espérer que le Château d’Eau ait plus de moyens de se développer. Il manque de place et de budget. Seule la ville supporte les activités de cet établissement.

Plus d’information sur le Château d’Eau



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Dieuzaide et Doisneau de nouveau réunis au Château d’Eau

Jean Dieuzaide au chateau d'eau Toulouse Photo Courrière

Cette année nous fêtons les 40 ans du Château d’Eau, toute première galerie municipale dédiée à la photographie en France. En 1974, c’est Robert Doisneau qui a ouvert le bal en étant le premier à y être exposé. Depuis, les plus grands et les plus talentueux photographes du monde y sont passés au moins une fois. Beaucoup ignore que c’est Jean Dieuzaide un photographe toulousain et ami de Robert Doisneau qui a fondé cette institution aujourd’hui mondialement connue et reconnue. Le 10 septembre prochain, une exposition hommage Dieuzaide/Doisneau sera présentée au public afin de rendre hommage au créateur de la galerie ainsi qu’à son ami de toujours et son alter égo parisien.

Michel Dieuzaide, le fils du photographe et pendant un temps directeur du Château d’Eau, présente cette exposition inédite qui a pour but de montrer l’approche identique des deux photographes humanistes à travers leurs travaux.

J’ai eu la chance de feuilleter le superbe catalogue de cette exposition avant même qu’il parte chez l’imprimeur, et je peux vous dire que cette exposition promet d’être incroyable !

Dieuzaide Doisneau

En 1968, lors d’un vernissage à la Bibliothèque Nationale de la rue de Richelieu à Paris, Jean Dieuzaide s’était publiquement offusqué de voir des photographies présentées sans cadres, sur des contreplaqués, dans un coin relégué de l’établissement… Il s’agissait d’une exposition consacrée à Robert Doisneau !
Le toulousain fit alors à son ami la promesse d’un jour venger cet affront.
En 1974, Jean Dieuzaide inaugurait à Toulouse La Galerie du Château d’Eau avec une rétrospective consacrée à son ami parisien. Parole tenue ! Doisneau y sera de nouveau exposé en 1979 et 1994.
Seuls des amis photographes ayant ainsi eu la faveur de transgresser la règle de l’exposition unique en vigueur dans ce lieu…
Alors que Robert était assez désabusé sur son métier et la considération qu’en avaient aussi bien les pouvoirs publics que le milieu de l’art, Jean Dieuzaide avec la persuasion qu’on lui connaît,et dans la lutte constante qu’il mena pour donner à la photographie ses lettres de noblesse,parvint à convaincre son ami de lui confier ses négatifs. La plupart des tirages furent faits à Toulouse dans l’atelier de la rue Erasme. Et l’exposition inaugura le Château d’Eau. Doisneau confia peu après que cette rétrospective fut pour lui, le seuil d’un nouveau départ dans la reconnaissance de son œuvre.
Mais il s’agissait d’un temps ou la concurrence entre les photographes n’existait pas. Plutôt assimilés à des artisans qu’à des artistes, ils se soutenaient mutuellement, chacun faisant profiter l’autre de ses astuces, ses découvertes, et autres tentatives…
Entre Robert et Jean, cette attitude corporatiste n’avait pas cours, et se doublait d’une profonde estime réciproque. On mesure le tissage lent et sûr de cette amitié, à l’importante correspondance qu’ils ont entretenue, et aux rencontres régulières lors de vacances, de reportages, ou de salons consacrés à la photographie. Le toulousain eut le prix Niepce en 1955, et le parisien en 1957. Jean Claude Gautrand réalisa la monographie de Jean Dieuzaide en 1992 (Editions Marval), il vient de publier celle de Robert Doisneau (Editions Taschen).
La fréquentation assidue de chacune des deux œuvres a progressivement donné une évidence à la réalisation de ce projet. Non dans l’idée de les comparer, mais plutôt de montrer, combien deux hommes pratiquant le même métier à la même époque, avaient pu avoir, au travers de la photographie, une approche identique de leur temps et des humains qu’ils côtoyaient. De troublantes correspondances qui se sont le plus souvent faites sans que l’un n’ait connaissance des travaux de l’autre…
Il s’agit donc bien d’une attitude qui relève de la combinaison entre la pratique d’un métier à une certaine époque, et l’indéniable dimension humaine qui était la leur. Voilà où ce livre à deux voix peut avoir un sens, pour l’histoire même de la photographie. C’est du moins dans cet esprit
qu’il a été conçu, offrant le témoignage d’hommes, d’artistes, qui ont su donner à leur métier un engagement total. Créant ainsi les prémices d’un art que tout le monde aujourd’hui s’accorde à reconnaître comme majeur. Puisse cette trace d’amitié poser sur l’avenir incertain, un rai de lumière qui force l’adhésion des jeunes photographes à la noblesse de ce métier.


Michel dieuzaide – Castelvieilh, Eté 2014

Photo : Jean Dieuzaide au chateau d’eau Toulouse (crédit : Courrière)



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Sur les pas de Dieuzaide, un nouveau mariage de funambules !

Sur les pas de Dieuzaide

[=> Suite de notre série d’été sur le photographe Jean Dieuzaide]

Il y a 60 ans, un couple de funambules se disait «oui» sur un câble, à plusieurs mètres au dessus de la place du Capitole à Toulouse.
Ce jour là, près de 20 000 personnes ont assisté à cette cérémonie pour le moins acrobatique. Parmi eux, un photographe a décidé de prendre le risque d’avoir LA photo que personne ne pouvait avoir.

Le 22 mai 1954, Jean Dieuzaide escalade une échelle de corde et, équipé de son boitier argentique, grimpe sur les épaules du père de la mariée avant de s’élancer à son tour mais sans sécurité, sur le drôle de fil, afin de réaliser un cliché qui fera le tour du monde. L’événement sera alors relaté dans le célèbre newsmagazine « Life » !

60 ans plus tard, l’équipe de funambules toulousains «Pyrénaline» s’apprête à reproduire cet événement marquant afin de rendre hommage au photographe qui créait il y a 40 ans à Toulouse, le Château d’Eau, la première galerie en France destinée uniquement à la photographie.

Cet événement hors du commun aura lieu sur la place du Capitole, le 11 octobre prochain, à partir de 16h !

Un documentaire est en cours de réalisation afin de raconter l’histoire de cette photo et revenir sur l’exploit photographique de Jean Dieuzaide. Afin de produire ce film et cet événement, l’association à l’initiative du projet est à la recherche de financement et de partenaires ! Une campagne de financement participatif est actuellement en cours. Rendez-vous sur ce lien pour soutenir le projet :

=> http://surlespasdedieuzaide.com/devenez-partenaire/

Vous êtes tous conviés à ce nouveau mariage de funambule afin de revivre cet événement incroyable et ainsi être sur la nouvelle photo !



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Le mariage des Diables Blancs

mariage des funambules

[=> Suite de notre série d’été sur le photographe Jean Dieuzaide]

Le 22 mai 1954, les habitants de la Ville rose se sont massés sur la place du Capitole. Il n’est pas question d’un événement politique ou sportif, mais d’un mariage, entre deux funambules. Jean Dieuzaide est alors aux premières loges de cette cérémonie aérienne… sur les épaules du père de la mariée !

C’est l’événement de l’année pour les Toulousains, qui sont près de 20 000 à être présents sur la place du Capitole. Ce jour-là, deux acrobates de la troupe des « Diables Blancs » ont décidé de faire d’une pierre deux coups en se mariant dans l’espace aérien toulousain et en profiter ainsi pour faire un énorme coup de pub.

La veille, Jean Dieuzaide calcule son coup. Il ne veut pas d’une photo des funambules, vue d’en bas. Ce qu’il souhaite, c’est avoir la foule derrière eux. Le photographe demande alors au père de la marié s’il est possible de grimper sur ses épaules le jour J. Celui-ci lui propose un essai… sur le trottoir. Le test étant concluant, ce dernier s’embarque alors pour son exploit photographique le plus fou de sa jeune carrière de photojournaliste.

Tandis que Betty et Roger s’avancent l’un vers l’autre, costumés et balancier en main, le jeune « Yan » grimpe difficilement une échelle de corde, son Rolleiflex autour du coup. Une fois en haut, le père de la mariée lui annonce qu’il ne peut pas se baisser et qu’il faudra grimper sur ses épaules. Dans un dernier effort tétanisant, Jean se hisse sur le funambules et se retrouve dans le vide, sans sécurité.

« Je me suis concentré sur mon travail, gardant l’oeil dans le viseur pour ne pas succomber à la frayeur » – confiera-t-il plus tard.

L’exploit plait à la foule, qui acclame le photographe. Tandis que la photo de Dieuzaide, prise sans flou de bougé et un cadrage parfait, fera le tour du monde, la performance du Toulousain sera relaté dans le très célèbre magazine « Life« .

mariage funambules



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Jean Dieuzaide, un aventurier de la photographie

jean dieuzaide

[=> Suite de notre série d’été sur le photographe Jean Dieuzaide]

Photographier c’est prendre des risques. Afin d’obtenir le cliché que l’on souhaite, il faut savoir sortir de sa zone de confort et affronter des obstacles. Jean Dieuzaide l’avait bien compris et son incroyable carrière est là pour le rappeler. Ce photographe humaniste a souvent mis en danger sa vie pour avoir LA photo qu’il voulait et a du faire face, jusqu’à sa mort, à ses détracteurs.

Photographe acrobate

Rien n’arrête Jean Dieuzaide. Ce passionné d’aviation, depuis son enfance, demande à laisser la soute de l’avion ouverte tandis qu’il effectue, tranquillement, les pieds dans le vide, ses photographies aériennes. N’ayant apparemment pas le vertige, il a le reflex de prendre de la hauteur, dès qu’il le peut. On le voit se hisser en haut de la cheminer de l’ONIA (futur AZF), sans sécurité, ou encore grimper une échelle de corde sur la place du Capitole et s’asseoir sur les épaules d’un funambules pour immortaliser le mariage des Diables Blancs, toujours avec ses chaussures en cuir…

jean dieuzaide

Citant Robert Capa, son maître, il brave le danger pour ramener les meilleurs photos dans son atelier de la rue Erasme, là où l’attendent sa femme et ses enfants.

Photographe bâtisseur

Révolté du traitement que l’on inflige aux photographes de son époque, il décide de prendre l’initiative de créer lui même la première galerie photographique municipale de France. Le Château d’Eau de Toulouse devient alors l’une des salles d’expositions les plus réputés au monde. Pendant des années, il gère lui même cette institution, la finançant avec ses propres deniers, jusqu’à ce que la mairie de Toulouse en prenne la gestion.

Son atelier photo situé au 7 rue Erasme est également une petite entreprise qui tourne presque 24h sur 24 ! Il va jusqu’à employer une demi douzaine de personnes pour gérer le tirage, l’archivage et la vente de sa production. A l’époque de l’argentique et de la machine à écrire, il parvient à concilier (non sans difficultés), travail, vie de famille et projets photographiques, jusqu’à ce que la maladie le prive de sa passion.

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Photographe visionnaire

« Voir la vie dans un brin d’herbe ».

Jean Dieuzaide est un personnage complexe, aussi bien attaché aux traditions qu’au progrès. Ce père de famille intransigeant et longtemps considéré comme un photographe humaniste « classique », a, pour le citer, « le courage de ses opinions » et révèlera sa « part d’ombre » à travers son travail expérimental et abstrait sur « le Brai ». Tandis qu’il est en reportage (et accessoirement en voyage de noces) dans les mines de Carmaux, il trouve l’inspiration à travers des photographies de ce sous-produit de la houille dont sont extraites la glycérine et l’asphalte et prenant alors des formes « sensuelles ».

dieuzaide

Face au scepticisme et aux critiques de ses collègues de l’époque, le Toulousain va jusqu’au bout de son expérience et exposera ce travail à de nombreuses reprises, entre Toulouse et Paris.

« Le brai a collé à ma chair jusqu’à m’en rendre fou ; un autre moi-même se débattait dans ces quelques carrés de glu ; un malaise démoniaque serrait ma gorge, provoquat mes sens, et m’incitait, en me précipitant dans cette ronde infernale, à photographier avec un plaisir malin, ici, là, et déjà plus loin, de peur de ne plus avoir le temps de saisir cet insolite »Jean Dieuzaide

aventure brai Dieuzaide

Photographe courageux

Au delà de ses acrobaties et autres exploits photographiques, Jean Dieuzaide a surtout eu le courage de ne pas se plier à la pression sociale de son époque. Il en paiera d’ailleurs très cher le prix. Tandis que son ami photographe humaniste et parisien, Robert Doisneau connaîtra le succès, Jean sera discrédité et oublié par ses pairs, principalement pour avoir fait le choix de ne pas vivre dans la capitale. Le parisianisme poussé de l’époque aura eu raison du Toulousain, amoureux du terroir gascon et des paysages régionaux.



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Jean Dieuzaide, photographe aviateur

Principalement connu pour ses photographies en Espagne de « Dali sortant de l’eau » ou encore la célèbre « petite fille au lapin », Jean Dieuzaide est aussi et surtout l’un des plus grands photographes « aériens » de sa génération. Né dans l’un des principaux berceaux de l’aviation, il est véritablement passionné par l’aéronautique.

« Je dois reconnaître que la photographie m’a choisi alors que je voulais être pilote, mais je ne regrette rien ». Jean Dieuzaide.

Devenir photographe n’est pas au programme pour le jeune Jean, qui prendra d’ailleurs le pseudonyme « Yan » pendant de longues années car il ne veut pas associer ce métier, qu’il ne juge alors pas assez prestigieux, au nom de sa famille. Le jeune toulousain veut préparer Saint-Cyr pour entrer ensuite à l’école de l’air de Chalon-sur-Saône et devenir Pilote.

Sa passion pour tout ce qui vole, le pousse à créer à 15 ans une section d’aéromodélisme à l’aéroclub de Cannes et il en devient président deux ans plus tard, « il y avait quand même plus de 200 personnes dans ce club ! » sourit sa femme.

La passion de la photo d’aviation

Changement de plan et de destin pour Jean Dieuzaide, il embrasse alors la carrière de photographe de presse… sans s’éloigner pour autant de sa passion pour l’aviation. Dès la fin des années 1940, il devient le photographe « officiel » de Sud Aviation (futur Airbus) et commence alors un imposant travail photographique sur les tarmacs de la région.

R21321 Concorde fusée 1967
Concorde-fusée, 1967

Cependant, l’aviation ne lui apporte pas que des joies. En 1949, il brave une interdiction de photographier le vol d’essai de « l’Armagnac », premier gros-porteur long-courrier français de l’après-guerre, à Toulouse. Ayant habilement dissimulé son Rolleiflex sous un grand manteau noir, il réalise de superbes clichés du vol d’essai, qu’il revend en exclusivité à la revue « Les Ailes ». Quelques jours plus tard, la DST viendra frapper à sa porte et après un interrogatoire musclé, l’emmènera à la prison de Bordeaux. Mais bien qu’accusé d’espionnage « pour une puissance ennemie », Yan sera aussitôt relâché. Sud aviation réalise en 1956 qu’ils ne peuvent pas se passer de son tallent et de son expérience et feront appel à lui pendant de très nombreuses années.

JD 378 Jean Dieuzaide photograpphie à bord d'un Nordatlas 1961Jean Dieuzaide à bord d’un Nord Atlas, porte de soute ouverte, en 1961

Le 11 décembre 1971, à l’occasion du premier roulage du Concorde, il rencontre André Turcat, pilote d’essai et futur fondateur de « l’Académie de l’air et de l’espace ». Une amitié va naître alors entre les deux hommes, qui vont ensemble réaliser un livre de photographies aériennes « Toulouse vue par les oiseaux ».

DSC_0363-2André Turcat lors du premier roulage du Concorde, 1971

Photographe acrobate

Afin de réaliser le cliché qu’il a en tête, le photographe ne recule devant aucun obstacle. Il grimpe en haut de l’église des Jacobins en 1950, puis sur des échafaudages en bois dans l’abbaye de Conques en Aveyron pour photographier des détails du tympan qui orne l’entrée de l’édifice en 1960. On le voit aussi grimper en haut de la cheminée de l’ONIA (futur AZF), sans sécurité.

Prendre de l’altitude au mépris du danger est devenu une seconde nature pour Jean Dieuzaide, qui s’invite au mariage aérien des « Diables Blancs », en mai 1954, en grimpant sur les épaules du père de la mariée, lui même sur un câble !

R 12347 Jean Dieuzaide sur la façade du Capitole pour photographier De Gaulle Toulouse Février 1959
Visite de De Gaulle à Toulouse, février 1959.

Pour être sûr de pouvoir s’envoler à tout instant, il achète même un petit avion, un Piper Cub L-18. Il n’aura jamais le temps de passer son brevet de pilote mais obtiendra une licence pour pratiquer la photo aérienne en 1951. Il prend ses photos des Pyrénées, assis à bord d’un avion cargo ou d’un hélicoptère, portes ouvertes et jambes pendant dans le vide, aux limites de la sécurité !

Il s’écrase le 2 juillet 1950 tandis qu’il faisait des photos de la Garonne à très basse altitude. Le visage en sang, il s’extrait de la carcasse en feu de l’appareil, son appareil photo en main.

« On ne doit pas refuser l’obstacle, il faut s’obstiner, le franchir », écrit Jean Dieuzaide, citant Robert Capa, son maître.

 JD 673 Prise de vue à Sud Aviation en fauteuil roulant après son accident Mars 1972 Photo Emmanuel DecailléPrise de vue à Sud Aviation en fauteuil roulant après un accident en mars 1972
Photo Emmanuel Decaillé

Le résultat de ces prises de risque est à chaque fois incroyable. A l’image de la photo du décollage de la Caravelle, qu’il réalisé en s’installant carrément au milieu de la piste avec l’accord des pilotes d’essai, tandis que l’appareil le frôle.

En 2005, la ville de Blagnac achète le fond photographique spécifique à l’aéronautique du photographe. La collection sera visible dans le musée de l’aéronautique « Aéroscopia », qui héberge déjà le Concorde et bien d’autres oiseaux métalliques que Jean Dieuzaide a immortalisé avec tallent et passion.

Plus d’informations sur le photographe sur son site internet



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Jean-Marc Le Scouarnec : « Jean Dieuzaide était une vedette de l’époque »

Jean Dieuzaide biographie

Jean Dieuzaide
Crédit photo : Roger Daspet

Auteur de l’unique biographie de Dieuzaide, Jean-Marc Le Scouarnec est responsable des pages culture de « la Dépêche du Midi »

Destination Reportage : Comment en êtes vous arrivé à écrire la première véritable biographie de Jean Dieuzaide ?

Jean-Marc Le Scouarnec : En fait, c’est l’éditeur, Claude Nori (éditions « Contre Jour ») pour qui Jean Dieuzaide a beaucoup compté, qui m’a proposé ce projet. Personne ne l’avait encore fait. J’avais déjà eu l’occasion de faire des papiers sur le Château d’Eau depuis mes débuts dans le journalisme, en 1986. Je connaissais l’homme, ce qu’il avait fait. J’étais un habitué du Château d’Eau, j’y ai vu beaucoup d’expositions et je l’ai croisé lorsque j’étais étudiant. Il faut savoir que Dieuzaide était une vedette à l’époque, il avait une aura très importante. Même auprès de ceux qui ne connaissaient pas la photographie ! Il a fait beaucoup pour la photo et surtout pour les autres, il avait une réputation internationale. Ce projet était donc aussi l’occasion de rencontrer d’autres photographes qui ont vécu à cette époque. Jean Dieuzaide, c’est une histoire de Toulouse, des années 1940 à 2000.

Vous avez écrit cette biographie avec l’aide de sa femme, comment cela s’est déroulé ?

Il faut dire que Jacqueline Dieuzaide a réponse à tout ! Grâce à elle, il y a une partie témoignage très importante dans le livre, en plus des archives de la Dépêche du Midi. En discutant avec elle, j’ai découvert des tas de choses sur lui. Son côté séducteur mais aussi chrétien, certains goûts pour la tradition mais aussi des expérimentations de choses complètement nouvelles. C’était un personnage plus complexe que ce que l’on pense. L’écriture de ce livre a duré environ un an, il faut dire que je faisais cela sur mon temps libre de journaliste de la Dépêche du Midi !

Comment expliquez vous que Jean Dieuzaide soit aussi peu connu aujourd’hui malgré ce très riche héritage ?

Quand il a ouvert le Château d’Eau, il a mis sa carrière à l’écart. De ce fait, il a été un peu oublié dans le monde de la photographie en France. Et puis il a été un peu mis de côté par les photographes parisiens qui le voyaient comme un simple provincial. Selon ses détracteurs, il s’est trop diversifié. D’ailleurs, il a été longtemps considéré à cette époque comme un photographe humaniste, ce qui n’était pas alors vraiment à la mode… Cependant, il est indéniable que, s’il avait fait à Paris, tout ce qu’il a fait à Toulouse, il serait aujourd’hui bien plus connu !

Certaines de ses photos ont néanmoins fait le tour du monde…

En effet, celle du mariage des funambules est probablement la plus connue. Mais l’événement en lui même était déjà incroyable et la manière qu’il a eu de le photographier était formidable ! Il a d’ailleurs eu une parution dans « Life » pour l’occasion, LE magazine de reportage le plus prestigieux au monde.

Jean Dieuzaide biographie

Jean Dieuzaide, la photographie d’abord – mon avis

Publié aux éditions « Contre Jour » en mai 2012, cet ouvrage est à ce jour la première biographie de Jean Dieuzaide. Son auteur nous plonge dans les archives de cet incroyable photographe et nous livre des dizaines d’anecdotes sur la vie du photographe toulousain le plus connu de son époque. Fruit d’une année de travail aux côtés de Jacqueline Dieuzaide et enrichi par des décennies d’archives de « la Dépêche du Midi », titre de presse quotidienne régionale pour qui Jean Dieuzaide collabore depuis ses débuts dans la presse, ce livre est également un « manuel » d’histoire de Toulouse et sa culture photographique de l’après-guerre à nos jours. Très complet et agréable à lire, l’ouvrage est illustré par de nombreuses photos d’époques, introuvables sur internet, sinon dans le mythique atelier du 7 rue Erasme de Toulouse, toujours gardé et habilement géré par Jacqueline Dieuzaide.

 



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Série d’été : 2014, année Dieuzaide

Il y a 40 ans, le photographe toulousain Jean Dieuzaide fondait le Château d’Eau, l’une des principales institutions de la photographie en France, encore aujourd’hui ! Il y a 60 ans, cet aventurier de la photographie devenait mondialement connue pour son exploit photographique lors du mariage des diables blancs, sur la place du Capitole : assis sur les épaules d’un funambule, il immortalise un mariage aérien. Sa photo fait alors le tour du monde et finit même dans le célèbre magazine « Life ». Retour sur le parcours exceptionnel de ce photographe hors-normes.



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