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Les secrets du Photoreportage

Photoreportage fred marie

Après de longs mois de travail, mon livre « Les secrets du Photoreportage » est enfin sorti et disponible en librairie partout en France !

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Battle in Toulouse

casseurs toulouse manifestation Remi Fraisse

Parfois il ne faut pas aller très loin pour se retrouver dans une rue en proie à des affrontements violents entre forces de l’ordre et casseurs. Ce samedi 1er novembre, ces scènes invraisemblables se sont déroulées à quelques centaines de mètres de chez moi… Ce jour-là, une manifestation en l’honneur de Rémi Fraisse, jeune militant écologiste tué par un tir de grenade il y a quelques jours, a dégénéré, au point de transformer le centre ville de Toulouse en champ de bataille…

Récit d’une journée plus que mouvementée.

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Tandis que je m’avance vers la place du Capitole, point de rendez-vous de la manifestation, je commence à compter les camions de CRS et autres gendarmes mobiles, stationnés à proximité. Après avoir salué quelques collègues journalistes, je pars faire un petit tour de reconnaissance dans les rues avoisinantes. Aussitôt entrée dans la rue de Rémusa, premier check-point des forces de l’ordre. Alors que je montre ma carte de presse, un groupe de manifestants se fait fouillé et l’un d’entre eux à la très mauvaise idée de résister, notamment lorsqu’un policier tente de lui arracher des mains son petit mégaphone rouge vif. Plaquage au sol, mur de collègues pour éviter la photo qui dérange. Apparemment, les consignes sont strictes : empêcher les débordements, d’entrée de jeu. Ironique lorsque l’on sait que les affrontements vont durer plus de 5 heures et de façon aussi bien sporadique qu’anarchiste dans les rues de Toulouse…

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Après une heure de regroupement sur la place du Capitole, un cortège se met en place et part dans l’une des rues bloquées par la police. Premières intimidations de la part des manifestants, jets de projectiles, réponses des hommes en armures : premier jet de lacrymo.

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Le cortège fait demi-tour. Alors que toutes les rues partant de la place semblent condamnées, les manifestants continuent de scander des slogans virulents, face aux cordons de CRS. Tout à coup, le cortège se remet en route pour emprunter une rue… déserte de toute force de l’ordre. Etonnant, et surtout inquiétant ! Un flot de personnes cagoulées et visiblement très énervées s’engouffre dans cette rue commerçante… Alors que certains placardent des feuilles mentionnant des messages liés à la mort de Rémi Fraisse, d’autres, à visage bien couvert, commencent à taguer les murs avec des messages plus radicaux et anarchistes.

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La « manifestation », qui n’en est alors plus vraiment une, arrive au croisement de la rue de Metz, où attendent les CRS… L’escalade de violence débute. Jets de pierre, poubelles brûlées… Le cortège poursuit sa route en direction du palais de justice. Mais alors que nous arrivons au niveau de la place du Salin, les CRS ouvrent les hostilités en repoussant brutalement les assaillants. Le bruit des grenades lacrymogènes projetées en l’air est à peine couvert par l’hélicoptère de la gendarmerie qui suit le groupe depuis le Capitole. J’ai l’impression d’être dans un film de guerre, je me rapproche des hommes cagoulés qui jettent des pierres et manque de me faire toucher par une grenade avant de décrocher du fait de la fumée qui pique méchamment les yeux et qui m’empêche de les garder ouvert dans le viseur de l’appareil. Le temps de reprendre mes esprits, je repars en direction de l’épais nuage de fumée pour tenter de capturer le moment où un manifestant shoote au pied dans une grenade. Les forces de l’ordre gagnent du terrain, je les laisse me dépasser et je les suis.

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Casqués, mais sans armures, il s’agit bien de la BAC, la brigade anti-criminalité, qui gaze généreusement tout ce joli monde. Des confrères arrivent, et je me rend compte que j’étais tout seul au début de cette courte mais intense scène d’affrontement. J’essaie de prendre de l’avance et je me mets à courir vers les premiers rangs de policiers. Dans sa course, l’un d’entre eux fait tomber son flashball… Nous essuyons des jets de pierre. Alors que je cours vers la fumée, un pavé explose à mes pieds. Je commence à me demander si l’on est davantage en sécurité du côté des policiers…

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J’arrive à Esquirol. Il y a beaucoup de monde. Heureusement les magasins ont verrouillé leurs portes et même abaissé leurs grilles. De l’autre côté, les clients, consternés, observent ces scènes de guérilla urbaine. Les casseurs continuent de tout taguer et tout détruire sur leur passage. Ils s’en prennent alors à une agence bancaire du Crédit Mutuel. Après avoir défoncé la porte à coup de pierres et de pieds, ils explosent les caméras de surveillance avant de saccager l’intérieur. Un tag « Tiens, tes agios » trône sur le mur en brique de l’agence.

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La violence gagne en intensité. Les forces de l’ordre chargent des deux côtés de la rue. L’horreur : un manifestant est projeté par terre, roué de coups. C’est alors qu’une passante d’une soixantaine d’année commence à interpeller l’un des policiers qui se défoulent sur l’homme déjà pris à partie par trois de ses collègues casqués et en armures. Et puis c’est elle qui se retrouve à terre, matraquée, menottée.

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Les casseurs sont repoussés dans la rue Saint-Rome. Le mouvement se disperse et je perd de vue les cagoules. Après quelques minutes de courses dans les rues aux alentours, je les retrouve, en plein quartier Saint-Georges. Certains commencent à s’en prendre à nouveau à une agence bancaire. C’est la BNP qui est visée cette fois. Difficile de prendre en photo cette scène, car je reste sur mes gardes. Je suis le seul photographe dans le coin, seuls les badauds sont témoins de cet acharnement matériel avec leurs téléphones. Je ne voudrais pas qu’ils décident de ne pas avoir de photos de ces destructions dans la presse, ni voir un contingent de la BAC débouler derrière en courant, matraque à la main… Prudemment, je continue de les suivre.

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Arrive alors l’épisode final, et le plus impressionnant : Jean Jaurès. Nous arrivons au square Charles De Gaulle quand finalement, la BAC débarque. Mais ils ne sont qu’une poignée, une dizaine tout au plus, et clairement dépassés. Rapidement, les militants arrivent à les encercler. Insultes, slogans violents, ils sont clairement humiliés, devant des passants et clients des commerces des alentours qui ne comprennent même pas ce qu’il est en train de se passer. La scène est délirante. Je décide alors de filmer afin de rendre compte de cette situation, compliquée à photographier (même en passant à 8000 ISO). Un jeune homme est touché. Allongé par terre, il est entouré par des manifestants qui insultent les policiers. Blessé sur le flanc par un tir de flashball, il est transporté dans un restaurant avoisinant.

Et puis, c’est le début du grand n’importe quoi…

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Les allées Jean Jaurès se retrouvent sous un feu nourri de grenade lacrymo, visant aussi bien les passants que les militants, qui répondent avec des jets de bouteilles en verre, jetées également à l’aveugle. Avec des confrères photographes, nous manquons de justesse d’en recevoir une sur la tête.

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Les forces de l’ordre tentent alors une nouvelle tactique. Ils se regroupent, sélectionnent une cible, tirent quelques grenades, courent vers cette dernière, et après l’avoir plaqué au sol, l’amène violemment vers leurs véhicules. Je photographie l’arrestation de trois jeunes militantes, dont une que je reconnais, et qui m’avais offert un café dans sa caravane sur la zone de Sivens il y a deux semaines de cela. Je suis sous le choc de la voir, mains sur la tête pour se protéger des coups de matraque, elle qui n’a rien lancé, sinon son poing en l’air pour scander des messages à propos de Rémi Fraisse. Je me concentre à nouveau et fonce vers elle pour shooter cette scène. Mais un policier avance vers moi, une lacrymo à la main et pointé sur mon visage. Je lève mon boitier en l’air et lui hurle que je suis journaliste. In extrémis il me laisse reculer.

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Cette invraisemblable bataille se poursuit encore plus d’une heure sur les allées Jean Jaurès. Personne ne comprend pourquoi la circulation n’est pas coupée par les nombreuses forces de l’ordre qui semble complètement dépassées. Des projectiles ricochent sur les voitures et manquent de toucher des personnes âgées qui n’ont pas la chance de courir pour échapper aux nuages de gaz. Soudain des tirs partent en plein milieu des allées, mais cette fois les projectiles atterrissent en plein dans la bouche de métro, à plusieurs mètres du contingent de manifestants. Ces derniers commencent à applaudir les policiers pour ce « tir cadré », en guise de moquerie. Moins drôle, trois femmes d’une cinquantaine d’années sont enfermées dans l’ascenseur du métro, juste dans le nuage de gaz…

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Voyant que la situation se calme relativement, je décroche pour envoyer mes images à Paris. J’apprendrai ensuite dans la soirée que le reste des militants s’étaient regroupés sur la place du Capitole pour calmer le jeu, puis les choses auraient dégénéré et les forces de l’ordre auraient chargé…

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Plus de 5 heures de grand n’importe quoi dans Toulouse.



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Sur les pas de Dieuzaide, pari réussi !

Au départ, il s’agissait « simplement » d’installer une highline dans Toulouse. Mais avec Pyrénaline, il est rare qu’un projet ne se transforme pas en un autre… encore plus fou. Il y a maintenant un an, nous nous lancions dans une incroyable aventure sportive et culturelle : le « projet Dieuzaide ».

L’objectif de ce dernier : installer une highline au dessus de la place du Capitole pour y reproduire la célèbre photo du mariage des funambules de Jean Dieuzaide. Il y a 60 ans, assis sur les épaules d’un funambule, à plus de 10 mètres de haut, le photographe toulousain immortalisait le mariage des « Diables Blancs » de mai 1954.

REPET FRED MARIE-03Photo : Frédéric Scheiber

Défi technique et performance sportive

Reproduire ce mariage n’aura pas été des plus reposant, ni des plus simple techniquement parlant. Si installer une « highline » (sangle de 2cm de large) n’est plus un secret pour les funambules de Pyrénaline, qui en ont récemment placé une sur la Brèche de Roland à 2800 mètres d’altitude, la configuration de la place du Capitole est très complexe. En effet, depuis le mariage de 1954, un parking souterrain a été construit sous la célèbre place toulousaine. L’équipe a donc été obligée de respectée un très contraignant plan de surcharge afin de répartir les quelques 16 tonnes de lest et supporter les centaines de kilos de tension de la sangle.

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C’est le « Cirque des Cirques » une compagnie de cirque basé à Cordes sur Ciel (dans le Tarn), qui a fourni la structure. Habituellement utilisée pour soutenir un chapiteau de spectacle, elle permit aux nouveaux funambules de traverser les 30 mètres de slackline, en plein milieu de la place. Au delà de l’exploit technique d’une telle installation, il est aussi question d’un exploit sportif, car cette traversée à deux aura aussi été une première en highline.

Un documentaire toujours en cours de production

Cette incroyable aventure fera très bientôt l’objet d’un film documentaire de 26 minutes. Produit par une association et avec de petits moyens, nous avons besoin de vous pour soutenir ce dernier ! Pour se faire, vous pouvez participer à la campagne de crowdfunding en cliquant sur ce lien. Vous aurez également la possibilité de recevoir d’intéressantes contreparties, du simple téléchargement du film en avant première, à des tirages numérotés de Jean Dieuzaide !

Plus d’informations

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L’heure des remerciements

Tout d’abord, un grand merci à toutes les personnes qui étaient présentes le 11 octobre dernier sur la place du Capitole ainsi qu’à tous nos partenaires !

Nous avons eu beaucoup de retours très positifs à propos de ce projet et cela nous touche. Nous entendons également les quelques critiques ou interrogations quant à la prestation du Capitole. Cette organisation était une grande première pour la plus part d’entre nous. Organiser et scénariser un spectacle mêlant cirque et sport n’est pas du tout évident, surtout avec peu de moyens, ni de temps.

Par ailleurs, l’objectif était de rendre hommage à cet événement et à travers lui, à Jean Dieuzaide. Il était évident dès le départ, que le rendu final serait sensiblement différent, étant donné que la discipline n’était pas la même (funambulisme sur sangle et non pas sur câble).

Nous espérons cependant que le spectacle vous a plu !



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Au bout de l’Europe (épilogue)

Destination Reportage blog voyage

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Le Kosovo n’étant pas sur la carte Interail, il nous a fallu contourner le petit Etat jusqu’en Macédoine, puis prendre un bus direction Pristina. Le trajet du retour s’est effectué de la même façon. Une fois arrivés à Skopje, la capitale, nous passons un deal avec un taxi non officiel. Pour dix euros, notre nouvel ami devient notre guide pour quelques heures. Le centre ville de Skopje est surprenant. Première étape de la visite touristique, une monumentale fontaine surplombée par une immense statue d’Alexandre 1er.

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Tandis que la conception semble d’époque antique, le monument n’a pourtant que quelques deux ans selon lui. Le centre de Skopje ressemble à un plateau de Monopoli, rempli de monuments flambants neufs et rappelant le passé glorieux de cette région jadis sous contrôle grec. Au final, nous libérons notre ami de ses obligations plus tôt que prévu, la visite étant plutôt brève.

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Direction la gare ferroviaire pour prendre un train de nuit pour la Bulgarie. Après une nuit assez mouvementée nous assistons au lever de soleil à Sofia, la capitale. Le contraste entre la banlieue et le centre ville est saisissant. Au fur et à mesure que nous nous rapprochons des attractions touristiques que sont notamment les différentes mosquées de la ville, les prix augmentent et l’ambiance évolue. Nous prenons l’après midi pour faire le tour du centre ville avant de rejoindre le prochain train pour un nouveau pays.

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La prochaine étape est Istanbul. Incroyable capitale culturelle et historique de la Turquie. Pour la première fois depuis un mois et 18 pays, nous ne sommes plus en terre inconnue. En effet, Anthony et moi avons déjà visité l’ancienne Constantinople. Cela ne nous empêchera pas de refaire un tour dans l’ancienne ville ainsi qu’une longue promenade le long du Bosphore. Mais le « moment fort » de cette étape aura été le « Grand Tarabya », un palace 5 étoiles qui nous aura permis de nous reposer après plusieurs jours et surtout plusieurs nuits passés dans les trains. La piscine, le sauna (et surtout les lits !) sont une formidable récompense et l’occasion de faire une petite pause avant la reprise du parcours.

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Le temps de faire un tour sur la place Taxsim, lieu d’émeutes trois jours avant notre arrivée, nous montons dans un bus pour Edirne, petite ville située à la frontière de la Grèce. 01h10 du matin, nous progressons à pieds et avec les sacs à dos sur une autoroute turque pour rejoindre la frontière, que nous comptons bien traverser de la même façon. La route est longue et nous nous résignons à faire du stop. Une BMW s’arrête et ses passagers acceptent de nous amener à la gare la plus proche pour nous avancer un peu. Sur place, un groupe d’étudiants Bulgares célèbrent à leur manière la fin du Ramadan sur le parking. Sans avoir le temps de comprendre, nous nous retrouvons à sept dans une Audi bien trop équipé pour de simples étudiants, en direction de la frontière. Il est bientôt 2h du matin et notre train côté Grèce est à 4h. « Passeports !». Nous passons les différents check point de la frontière avant d’arriver dans le petit village de Kastanies. « C’est ça la gare ?? ». La vision d’un abri délabré perdu dans un champ le long d’une voie ferrée envahie par la végétation est assez surprenante. Soit. Nous sortons nos sacs de couchage et nous profitons d’une bien courte « nuit ». Les phares du train nous réveillent. Ce dernier nous conduira vers Thessaloniki puis Platamonas, la ligne d’arrivée de ce voyage d’un mois à travers l’Europe. Les semaines suivantes ont été consacrées à une traversée du pays en train, bus et voiture de location à travers la Grèce.

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Embarquez pour l’aventure en cliquant sur les différentes étapes de mon voyage



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Aventure sur la Brèche de Roland

Funambulism on "La Brèche de Roland" (France)

L’histoire n’a pas fait le tour du monde, mais elle aura fait le tour de la presse régionale et nationale en France. Retour sur l’aventure de Pyrénaline sur la Brèche de Roland.

« Mec, on va partir mettre la ligne sur la Brèche de Roland la semaine prochaine, faut que tu viennes faire des photos de ça ! » En général, un reportage avec Pyrénaline commence souvent comme cela, par un coup de fil à la fois perturbant et excitant, même si à la longue, on s’y fait. Le temps de faire un peu de ménage dans l’emploi du temps, sortir le sac de montagne et charger les batteries des boîtiers, et c’est parti pour une nouvelle aventure !

LA ligne des Pyrénées

Ce projet avait deux raisons d’être. La première pour Gautier, à l’initiative de cette expédition, était de réaliser un rêve de longue date. Dans la voiture pour Gavarnie, il me confie avoir commencé la highline dans le but de traverser celle-là « Rolande je mourrirai pour toi ! » lance-t-il, détournant la célèbre devise du Groland. La deuxième raison est le film de Laurent Triay, « De fil en aiguille », dont le tournage a débuté plusieurs mois et passe par plusieurs endroits clés des Pyrénées. Toujours sans véritable commande pour la presse, je me retrouve embeded dans cette nouvelle expédition, avec surtout l’envie de revenir au pied de ces imposantes falaises, redécouvrir cette légendaire Brèche de Roland que j’avais déjà admiré lors d’une randonnées familiales plus de 10 ans auparavant.

Une mission pas si simple

Sans autorisation, mais sans interdiction, l’expédition se monte rapidement et nous sommes alors une petite dizaine de « randonneurs » à rejoindre le refuge des Sarradets, première étape de l’aventure. Et le mot aventure est loin d’être mal choisi. Car même si la marche d’approche est une véritable promenade de santé comparée à certaines sorties Pyrénaline (seulement une poignée d’heures de marche avec un vrai sentier et à peine quelques centaines de mètres de dénivelés, easy !), le poids des sacs et l’invalidité partielle de Paulo et Gautier pour cause de blessure, ajoutent un peu de « piquant » à l’aventure.

Funambulism on "La Brèche de Roland" (France)

En effet, la veille du départ, Gautier ayant chuté depuis sa longline tendue dans un parc toulousain, s’est fait mal au coccyx et à la jambe. Mais peu importe, même en boitant, le Toulousain arrivera à atteindre son objectif. Paulo, deuxième co-fondateur de l’équipe n’est lui non plus pas au top de sa forme. Après un accident de parachutisme, ce dernier a du passé par la case opération et se retrouve avec un doigt bourré de ferraille, enveloppé dans une attelle. Un handicap qui ne l’empêche pas, lui non plus, d’être de la partie. « A défaut de pouvoir slacker, je fais le sherpa », lâche-t-il avec son éternel sourire.

Lorsque l’on est passionné de slackline comme Gautier et les autres membres de Pyrénaline, une Brèche de Roland semble être une complète évidence. Tendue à 2800 mètres d’altitude et entre de falaises de 100 mètres de haut, cette slackline serait la plus haute des Pyrénées aussi bien français qu’espagnols.

Funambulism on "La Brèche de Roland" (France)

Cependant la tâche n’est pas des plus évidente. Afin d’accéder au sommets des dites falaises, les Toulousains ont fait appel à deux amis grimpeurs afin d’installer une corde fixe et permettre aux autres de monter. Tandis que Guillaume et Bastien escaladent la partie de gauche, Julien, membre des Skyliners et lui aussi à l’initiative du projet avec Gautier, contourne seul la deuxième falaise et crapahute au sommet. Une fois en haut, c’est la surprise. Des ancrages sont déjà présents. Plus tard, nous apprendrons qu’une tyrolienne a été, dans un passé inconnu (et c’est pas faute d’avoir cherché !) installée sur la Brèche. Il est 18 heures. Nous redescendons au refuge.

Funambulism on "La Brèche de Roland" (France)

Installation express

Après une nuit au chaud dans le refuge, nous partons pour le pied de la Brèche avant le lever du soleil. Armé de frontales pour nous guider dans l’obscurité, nous devons faire face à un obstacle assez gênant. La dernière partie de la marche d’approche est recouverte de neige éternelle ayant glacé dans la nuit. La pente est peu élevée mais dénuée de sentier et surtout d’accroche pour les chaussures (bien sûr nous n’avons pas de crampons). Utilisant de rares cailloux en guise de piolets, nous progressons lentement sur la glace. La situation me ferait sourire, si je n’avais pas autant de matériel photo sur le dos. La simple pensée de glisser et rouler plusieurs mètres en contrebas et de massacrer ainsi mes optiques et mes boitiers me terrifie… Tandis que nous arrivons presque au bout, Gautier qui se trouve quelques mètres au dessus de moi, lâche un cri de douleur et commence à dévaler la pente. A mesure que sa jambe, qui lui fait souffrir, racle sur la glace, il hurle de douleur. Me trouvant sur sa trajectoire, j’arrive alors à le rattraper en prenant garde de pas poursuivre la partie de luge sans luge avec lui.

Une fois arrivés au pied de la Brèche, et alors remis de nos émotions, le soleil commence tout juste à se lever. Le paysage est à couper le souffle ! La lumière est complètement délirante. C’est une belle journée qui s’annonce.

L’installation de la highline peut alors commencer. Nous nous mettons d’accord avec Laurent : il filmera en haut, je prendrai des photos en bas. Ce choix n’est pas pour me déplaire, n’ayant pas encore été formé à la remontée sur corde, notamment sur une falaise de 100 mètres… Et puis, quelque chose me dit que les photos d’en bas, illustrant l’imposante Brèche de Roland sont bien plus significatives pour la presse (il faut croire que j’avais raison !).

La highline est installée très rapidement et tandis que Julien s’élance, pied nus, dans le vide, le soleil est encore bas, ce qui me permets de faire cette image.

Funambulism on "La Brèche de Roland" (France)

En descendant pour varier les angles de mes images, je tombe sur les gardiens du refuge venus admirer l’exploit. « On a bien compris que vous alliez faire quelque chose sur la Brèche ! », me lance-t-ils amusés. En effet, nous avions alors gardé le secret sur la finalité de l’expédition, sous peine de risquer de nous faire éventuellement taper sur les doigts par les autorités. Admiratifs, ils restent bouches-bées devant la parfaite traversée, aller-retour, de Julien sur cette incroyable highline de 72 mètres. A 100 mètres sous ses pieds, des dizaines de randonneurs l’applaudissent, eux aussi impressionnés par l’exploit du funambule.

Après lui, Adrien teste la ligne. Habitué des lignes un peu plus courtes, il parvient à traverser un bon tiers de la ligne avant de chuter. Quant à Gautier, blessure ou pas, l’occasion de monter sur la sangle ne pouvait pas être ratée. Faisant abstraction du vide et surtout de la peur de se blesser à nouveau en chutant, il parvient à se lever et faire quelques pas, avant de s’asseoir et profiter de l’instant. En bas, ses camarades l’applaudissent.

Au cours des prochaines heures, plusieurs funambules moins expérimentés mais tout aussi passionnés profite de cette installation pour tester des « levés ». A commencé par Laurent Triay qui a momentanément posé son 5D pour passer devant l’objectif.

Il est 16h lorsque l’équipe décide de déséquiper et repartir vers le refuge puis vers Toulouse. Le temps de ranger la sangle, faire descendre les dernières cordes coincées sur la falaise et Pyrénaline rentre à la maison, comme le matin même, à la lumière d’une frontale…

Funambulism on "La Brèche de Roland" (France)

De retour à Toulouse, mon reportage a été publié par le magazine « Wider », puis la « Dépêche du Midi » et le « Parisien, aujourd’hui en France ». Certaines images sont passées dans « Montagne et Alpinisme », « l’Equipe Mag », « Pyrénées Magazine » et enfin dernièrement dans « Sud Ouest Mag ».

Pour acheter le film « De fil en aiguille » de Laurent Triay et voir les images de cette incroyable highline, c’est ici ! 



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En immersion avec l’armée de terre

Au départ il s’agit de couvrir une cérémonie militaire pour la « Dépêche du Midi » sur la place d’armes de Francazal. Quelques mois plus tard, me voilà en train d’embarquer dans un cargo tactique pour shooter un posé d’assaut. Le monde de la défense m’a toujours passionné, depuis mes premiers cours de géopolitique à la fac, et pouvoir entrer dans ce monde avec un appareil photo est une incroyable expérience.

Il y a quelques jours, je poursuivais mon reportage, commencé en 2012 avec la 11ème Brigade Parachutiste. Cette fois-ci, ce n’est pas sur le tarmac de Francazal ou sur l’aire d’atterrissage de Ger (Tarbes) que les militaires m’attendaient, mais dans le Tarn-et-Garonne, pour une spectaculaire prise d’assaut de la ville de Montauban. Pour l’occasion, la grande muette a mis le paquet et avait même préparer la bande d’annonce de l’événement.

Le temps de faire le sac et c’est parti pour 3 jours de reportage en immersion avec les différents régiments de la brigade. L’objectif était de poursuivre le reportage commencé lors des opérations « Mojito » et « Colibri », dont certaines photos sont visibles sur mon porfolio en ligne mais surtout de réussir à capter des moments « hors-combat » et plus humains. En effet, la guerre ne se résume pas à de gros flingues et de violents combats. Il y a surtout des heures, des jours et des semaines d’attentes pour les soldats, qui restent avant tout des hommes et des femmes comme les autres. Pourtant, difficile de capter ces moments là, même s’ils représentent une grande partie de la journée du militaire en opération…

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Une partie de Counter Strike géante

Pour ce nouvel exercice interarmé et interarme – c’est à dire mêlant différents corps de métiers au sein de l’armée de terre – 1600 hommes et de très nombreux moyens en matériels et véhicules ont été mobilisés. Une superbe occasion pour les photographes de faire un catalogue des forces de la brigade de Toulouse composée de 8 régiments. Véhicules blindés, hélicoptères de combats, et même drone de reconnaissance, l’Etat major à mis les petits plats dans les grands pour prendre d’assaut Montauban et venir à bout des vilains résistants un peu partout dans le département du 82.

L’une des parties les plus impressionnantes de cette énorme opération, fut la prise d’assaut d’un (faux) village par les GCP, comprenez « groupement des commandos parachutistes », afin d’éliminer les méchants et libérer le maire, pris en otage, puis de l’évacuer dans un hélicoptère « Puma ». Protégez vos oreilles et embarquez dans cette partie de Counter Strike presque réelle…

Test du Nikon D4s en « condition de guerre »

Pour ce reportage, j’ai eu la chance d’utiliser un D4s, le dernier-né de chez Nikon, couplé à mon D600. Ce monstre de technologie m’a permis de réaliser des clichés incroyables. J’y reviendrai en détail dans un article consacré aux boitiers Nikon, plus tard sur le blog.

Côté optiques, c’est armé de mon 70-200mm 2.8, mon 20mm 2.8 et mon 50mm 1.4 que je suis parti à « la guerre ». Des optiques assez légères (sauf pour le téléobjectif), qui m’ont permis d’avoir une certaine liberté de mouvement et souvent de courir pour ne rien rater de l’action.

Le reportage complet sera prochainement publié dans la presse spécialisée défense. La publication sera alors disponible sur ma page facebook.

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