Faut-il aider les photographes ?
Quand j’ai lancé le blog, il y a quelques année, j’ai fait face à quelques critiques de photographes professionnels qui me reprochaient de mettre en danger notre profession en aidant les amateurs à la recherche de conseils. A croire qu’en lisant quelques articles de blog, ces lecteurs allaient devenir leurs concurrents directs, les privant de travail.
Oui, moi aussi ça me fait rire.
Tu veux être photographe ? Et bien… bon courage !
Devenir photographe est très simple.
Vivre de la photographie, et uniquement de la photographie, c’est déjà beaucoup moins simple.
Rester photographe professionnel (donc en vivre) pendant plusieurs années, c’est extrêmement difficile.
Une enquête du ministère de la culture, de 2015, a recensé « 21 000 photographes en moyenne sur les 4 dernières années. Ce nombre est en hausse régulière depuis les années 90 ».
Par ailleurs, d’après cette même étude, près de la moitié des photographes en statut auto-entrepreneurs déclarent être en multi-activité, donc ne pas vivre uniquement de la photographie.
C’est d’ailleurs l’une des principales raisons de la gué-guerre entre photographes pro et semi-pro, c’est à dire ces étranges spécimens de photographes-auto-entrepreneurs-salariés-d’une-boite-qui-n’a-rien-à-voir-avec-la-photo.
La création du statut d’auto-entrepreneur en 2008 et appliqué en 2009 a permis à toute une nouvelle génération de photographes d’arriver sur un marché plutôt concurrentiel. La possibilité de facturer tout en ne payant des charges uniquement sur son chiffre d’affaire est une bénédiction pour un jeune photographe qui rêve de percer dans la photo et qui ne veut pas prendre trop de risque.
Le problème, c’est que devenir photographe indépendant, et donc devenir entrepreneur, ça ne s’improvise pas…
Les prix tirés vers le bas ?
Sous prétexte que ce statut permet de « ne pas trop se prendre la tête » sur les questions comptables et la facilité déconcertante pour sa création (en ligne) fait oublier le principal au jeune arrivant : penser comme un entrepreneur, comprendre le marché, fixer des prix pertinent, bref, tout un tas de trucs qu’on est censé faire dans les règles de l’art quand on monte sa boite, au risque de déposer le bilan, ou de se faire insulter par ses « confrères-concurrents ».
« Y en a marre de ces jeunes qui cassent le marché en bossant gratos ! »
Au lieu de pleurer sur son sort, pourquoi ne pas essayer de trouver une solution, ou du moins un début de solution ?
Et au lieu de brailler comme un beauf tout droit sorti de South Park, pourquoi ne pas aider ces nouveaux arrivants en partageant des connaissances, notamment sur la question du pricing et des bonnes pratiques quand on est photographe professionnel ?
L’UPP l’a fait en 2010 en publiant en accès libre ses tarifs de photos, mais si tu veux les nouveaux, il faudra pay… euh pardon, cotiser dans les 200 euros.
Aujourd’hui, j’interviens sur des formations à la Fac (Diplôme Universitaire de photographie documentaire et d’écritures transmédia de Carcassonne) et en Grande Ecole (Sciences Po Toulouse), pour partager mon expérience et donner des conseils pour réussir à vivre de la photo, comme je le fait depuis quelques années.
Je profite de cette formidable opportunité d’être écouté par des jeunes qui veulent se lancer dans ce métier, pour les avertir des dangers liés au fait de travailler gratuitement ou à prix réduit.
Par ailleurs, je viens également de lancer une nouvelle newsletter sur ce blog afin d’aider les photographes pro en partageant mes connaissances dans le marketing et notamment le pricing comme positionnement stratégique pour booster son activité.
Comment vivre de la photo ?
Si tu es photographe professionnel et que tu veux des conseils pour réussir à vendre tes photos, tu peux t’abonner à ma newsletter « spéciale pro » en cliquant ici !
Et la presse ? Parlons en…
Allez, on ressort la super chiante étude ministérielle de 137 pages, et on constate que « 12% des photographes travaillent pour la presse (hors agences de presse) ». D’ailleurs, la CCIJP n’a accordé, en 2016, que 761 cartes de presse pour les « reporters-photographes, dont 270 étant à la pige, c’est à dire indépendant.
Bref, vous l’avez compris, on n’est pas très nombreux (et encore moins nombreuses, mais ça c’est encore une autre histoire…)
Si on est aussi peu nombreux, c’est parce que c’est difficile de vivre de la presse.
Attention, je n’ai pas dit « impossible », d’ailleurs, Wilfrid Estève, président de FreeLens l’explique très bien dans un épisode de mon vlog.
Par ailleurs, au cours de cette longue interview (plus d’une heure), on a eu l’occasion de parler de concurrence. Ici encore, Wilfrid, fort d’une vingtaine d’années de photographe pro affirme que c’est un faux débat et surtout une mauvaise excuse pour expliquer une baisse dans son activité.
C’est d’ailleurs ce que l’on constate lorsque l’on commence à s’ouvrir aux autres, à rentrer dans des collectifs de photographes, ou dans des plateformes comme Hans Lucas.
La photographie est un métier de solitaires mais avec des personnes généreuses et désireuses de partager et travailler en équipe.
Et non, je ne suis pas un bisounours en disant ça.
Session d’éditing avec un confrère et ami photographe dans son studio, une aide bien utile…
Certes les journaux ont de moins en moins de budget et les sociétés continuent (et continueront toujours) d’utiliser des images libres de droits ou en passant par Fotolia, mais personnellement, j’ai vraiment réussi à commencer à gagner ma vie grâce à la photo, le jour où j’ai compris l’importance du réseau et que, paradoxalement, j’ai partagé des « plans boulots » avec d’autres photographes.
Car seul, on ne peut pas aller très loin, nous avons besoin des autres pour atteindre nos objectifs. Et c’est en aidant, qu’on pourra être aidé.
Je terminerai cet article et cette réflexion sur une citation de Rudyard Kipling que l’on découvre lorsque l’on entre chez Hans Lucas :
« La force du loup c’est le clan, et la force du clan c’est le loup »
Comment vivre de la photo ?
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