Jean Dieuzaide, un aventurier de la photographie - Destination Reportage

Jean Dieuzaide, un aventurier de la photographie

jean dieuzaide

[=> Suite de notre série d’été sur le photographe Jean Dieuzaide]

Photographier c’est prendre des risques. Afin d’obtenir le cliché que l’on souhaite, il faut savoir sortir de sa zone de confort et affronter des obstacles. Jean Dieuzaide l’avait bien compris et son incroyable carrière est là pour le rappeler. Ce photographe humaniste a souvent mis en danger sa vie pour avoir LA photo qu’il voulait et a du faire face, jusqu’à sa mort, à ses détracteurs.

Photographe acrobate

Rien n’arrête Jean Dieuzaide. Ce passionné d’aviation, depuis son enfance, demande à laisser la soute de l’avion ouverte tandis qu’il effectue, tranquillement, les pieds dans le vide, ses photographies aériennes. N’ayant apparemment pas le vertige, il a le reflex de prendre de la hauteur, dès qu’il le peut. On le voit se hisser en haut de la cheminer de l’ONIA (futur AZF), sans sécurité, ou encore grimper une échelle de corde sur la place du Capitole et s’asseoir sur les épaules d’un funambules pour immortaliser le mariage des Diables Blancs, toujours avec ses chaussures en cuir…

jean dieuzaide

Citant Robert Capa, son maître, il brave le danger pour ramener les meilleurs photos dans son atelier de la rue Erasme, là où l’attendent sa femme et ses enfants.

Photographe bâtisseur

Révolté du traitement que l’on inflige aux photographes de son époque, il décide de prendre l’initiative de créer lui même la première galerie photographique municipale de France. Le Château d’Eau de Toulouse devient alors l’une des salles d’expositions les plus réputés au monde. Pendant des années, il gère lui même cette institution, la finançant avec ses propres deniers, jusqu’à ce que la mairie de Toulouse en prenne la gestion.

Son atelier photo situé au 7 rue Erasme est également une petite entreprise qui tourne presque 24h sur 24 ! Il va jusqu’à employer une demi douzaine de personnes pour gérer le tirage, l’archivage et la vente de sa production. A l’époque de l’argentique et de la machine à écrire, il parvient à concilier (non sans difficultés), travail, vie de famille et projets photographiques, jusqu’à ce que la maladie le prive de sa passion.

dieuzaide

Photographe visionnaire

« Voir la vie dans un brin d’herbe ».

Jean Dieuzaide est un personnage complexe, aussi bien attaché aux traditions qu’au progrès. Ce père de famille intransigeant et longtemps considéré comme un photographe humaniste « classique », a, pour le citer, « le courage de ses opinions » et révèlera sa « part d’ombre » à travers son travail expérimental et abstrait sur « le Brai ». Tandis qu’il est en reportage (et accessoirement en voyage de noces) dans les mines de Carmaux, il trouve l’inspiration à travers des photographies de ce sous-produit de la houille dont sont extraites la glycérine et l’asphalte et prenant alors des formes « sensuelles ».

dieuzaide

Face au scepticisme et aux critiques de ses collègues de l’époque, le Toulousain va jusqu’au bout de son expérience et exposera ce travail à de nombreuses reprises, entre Toulouse et Paris.

« Le brai a collé à ma chair jusqu’à m’en rendre fou ; un autre moi-même se débattait dans ces quelques carrés de glu ; un malaise démoniaque serrait ma gorge, provoquat mes sens, et m’incitait, en me précipitant dans cette ronde infernale, à photographier avec un plaisir malin, ici, là, et déjà plus loin, de peur de ne plus avoir le temps de saisir cet insolite »Jean Dieuzaide

aventure brai Dieuzaide

Photographe courageux

Au delà de ses acrobaties et autres exploits photographiques, Jean Dieuzaide a surtout eu le courage de ne pas se plier à la pression sociale de son époque. Il en paiera d’ailleurs très cher le prix. Tandis que son ami photographe humaniste et parisien, Robert Doisneau connaîtra le succès, Jean sera discrédité et oublié par ses pairs, principalement pour avoir fait le choix de ne pas vivre dans la capitale. Le parisianisme poussé de l’époque aura eu raison du Toulousain, amoureux du terroir gascon et des paysages régionaux.



photographe professionnel
Fred
Photoreporter professionnel pour la presse magazine (Paris Match, VSD, le Figaro Magazine, le Pèlerin, Géo Ado, Stern, etc...)
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