Sébastien Roignant ("F/1.4") : "Je rêve d'un monde où l'on serait tous excellents dans notre domaine" - Destination Reportage

Sébastien Roignant (« F/1.4 ») : « Je rêve d’un monde où l’on serait tous excellents dans notre domaine »

« F/1.4 », vous connaissez ? Attention, je ne vous parle pas de l’ouverture d’un objectif, mais de la chaîne YouTube du génial Sébastien Roignant, photographe pro et également blogueur. Dernièrement, j’ai eu le plaisir de l’interviewer pour vous, fidèles lecteurs du blog !

Tout d’abord, est ce que tu peux te présenter pour les lecteurs du blog ?

Bonjour, je m’appelle Sébastien Roignant et vous êtes bien dans une interview « de » F/1.4 (et non pas « par » F/1.4 ^^). Je suis photographe depuis maintenant presque 10 ans et professionnel (prestation et auteur) depuis 6 ans. Je fais du portrait / mariage / mise en scène. Je suis aussi le créateur de la chaîne de formation « F/1.4 – A pleine ouverture ».

Comment et pourquoi est né « F/1.4 – A pleine ouverture » ?

F/1.4 est né sur le coup de tête d’une idée longuement réfléchie. Oui, en y réfléchissant, cette phrase peut être logique ! J’ai été très inspiré par Phlearn, la chaîne qu’a créé Aaron Nace aux USA. Je l’ai beaucoup regardée et cela m’a donné envie de créer mes premiers tutoriels. J’en ai fais 3 sur un an. Puis j’ai eu envie d’en refaire mais je savais que ça ne servirai à rien de continuer sur ce « rythme ». J’ai donc pris le pari complétement fou de faire une vidéo chaque semaine. Et cela fait 3 ans que je m’y tiens.

Pourquoi l’avoir créé ? Surement à cause de ma part d’utopie. Je rêve d’un monde où l’on serait tous excellents dans notre domaine, où on chercherait tous à perpétuellement s’améliorer et aller de l’avant. Oui je sais, c’est totalement irréalisable mais c’est bon de rêver ! J’ai donc lancé F/1.4 pour partager le savoir, le recul que j’ai acquis en quelques années et le redonner à qui pourrait en tirer profit. Je me disais que j’avais vécu, surement beaucoup d’autres photographes l’ont vécu. Et juste entendre quelqu’un d’autre le dire permet d’avancer plus vite ! J’aurai aimé avoir ce genre d’aide à mes débuts.

Crédit photo : Olivier Pieri

Ta chaîne YouTube est suivie par plus de 26 000 personnes et a presque atteint les 2 millions de vues, comment tu expliques ce succès ?

Je ne sais pas si on peut parler de succès mais c’est génial ! C’est toujours compliqué d’expliquer pourquoi quelque chose marche ou ne marche pas. surtout lorsqu’on est partie prenante de ce « quelque chose ». Je pense qu’il y a 3 ans, il n’existait pas de chaîne comme F/1.4, de chaine d’apprentissage photo qui n’était pas destinée uniquement aux débutants et qui ne se prenait pas au sérieux. J’ai fais mon possible pour continuer dans cette voie que je m’était fixé et surtout dans la régularité.

J’ai fais ma chaîne comme je suis dans la vie. C’est moi qui parle et moi qui choisis les thèmes, la façon de parler, l’humour (si on peut appeler ça de l’humour). Et je pense que c’est ce coté « humain » que le public aime. On est tous pareil de ce coté là. Nous sommes des humains qui pratiquons l’art de la photographie. On a tous le même dénominateur commun.

Il ne faut pas sous estimer le travail qu’il y a eu derrière. Le travail est la clé de toute réussite. Celui qui croit pouvoir réussir par magie ou par chance se plantera forcément !

Tu es avant tout photographe professionnel, quels sont des domaines de prédilection ?

Oui, c’est avant tout mon but premier : m’améliorer dans ma pratique photographique. Je crois bien que j’ai monté F/1.4 aussi pour me challenger à tout le temps apprendre de nouvelles choses et surtout les comprendre. J’ai un travail personnel et un travail professionnel. D’un coté je fais du portrait, de la mise en scène cinématographique, du landscape nude et de l’autre du mariage ou du corporate.

Le travail personnel est primordial pour tout photographe. Il faut savoir sans cesse se remettre en question, chercher de nouvelles voies d’expression, ne pas se complaire dans sa zone de confort. C’est comme ça que je continue à vouloir faire de la photographie, à garder ce plaisir qui me fait avancer à grands pas.

Mes domaines de prédilection changent avec le temps. En ce moment je suis toujours sur ma série « Soledad » qui me permet d’aller explorer des coins magnifiques de France mais je vais bientôt revenir à la mise en scène cinématographique car ça me manque beaucoup !

Sur ton site, tu proposes des workshops, en quoi cela consiste-t-il ?

Apprendre via des vidéos c’est un bon début mais rien ne remplace l’expérience réelle. Vous pourrez regarder toutes les vidéos, lire tous les livres qui existent, jamais vous ne saurez faire de photo. Vous aurez la théorie mais pas la pratique. Ce qui est le plus important. Alors j’ai lancé les cours en réel. Cela consiste en une ou deux journées de formation sur un thème précis. prenons par exemple le workshop « Portrait en lumière naturelle ».

Cela va plus loin que juste s’essayer au portrait en extérieur. Je parle de ma démarche photographique. J’explique à mes workshopeurs jusqu’où peut aller cette démarche, à quel point il faut s’y impliquer. C’est autant du développement personnel que de la pratique photographique. Les deux sont liés de toute façon.

On commence le vendredi soir par un apéro pour se présenter, commencer à aborder ce que l’on va faire le jour suivant. L’aspect convivial est très important pour moi. C’est comme mes épisodes, c’est du « fait maison » à la cool mais avec un contenu sérieux et réfléchit. On se retrouve le lendemain matin pour une session shooting. Il est très important de pratiquer pour comprendre cette démarche. C’est la partie coup de pied au cul.

L’après midi nous nous retrouvons autour des photos prises le matin pour apprendre à décrypter les bons clichés et trouver la perle rare. On finit ensuite par une explication de post production et la plupart du temps par un repas en commun qui se poursuit tard dans la nuit. Je vous parlais de l’aspect convivial !

Dans tes épisodes, tu donnes beaucoup de conseils aux photographes amateurs, j’imagine que tu as déjà dû t’attirer les foudres de certains pros qui luttent contre cette « nouvelle concurrence » ?

Je donne des conseils aux photographes amateurs mais aussi aux professionnels ! Je n’ai pas encore eu, à ma connaissance, de foudres de ceux que j’appellerais les « îles ». Beaucoup de photographes ont peur, se disent qu’il ne faut surtout pas partager sa connaissance car ils perdraient leur clientèle. C’est complétement faux, au contraire. Ils s’enferment eux mêmes dans une énergie follement négative et n’avanceront pas.

Si ça se trouve il y a en ce moment même un complot qui s’organise par des milliers de photographes professionnels pour me faire taire et je n’en sais absolument rien ! Mais j’en doute fortement. J’ai, au contraire, eu beaucoup de retours de personnes très contentes de ce partage et de cette ouverture.

Quelle est ta vision du métier de photographe (et que penses tu de ses évolutions) ?

Vaste question. Le métier de photographe est si multiple que je n’en connais vraiment qu’une partie. Il y a mille façon de pratiquer cette profession. On m’a dit un jour que la photo allait mourir d’ici 5 ans. Je ne suis juste pas d’accord du tout avec cette prophétie.

Le métier va forcément évoluer mais ce qui est sur, c’est que nous allons avoir besoin de plus en plus d’image dans ce monde sur-connecté.

Il est important pour tout photographe de toujours avoir l’envie d’évoluer. On a pu le voir avec l’arrivée du numérique. Bon nombre d’entre eux se sont arrêtés sur le coté de la route et ont dépéris. C’est normal, ils n’ont pas eu la force ou l’envie de passer le cap d’une nouvelle technologie. Ça nous arrivera surement dans les 10 – 20 ans qui arrivent. L’avènement d’une nouvelle façon de prendre des clichés, de les traiter … Il faudra savoir réagir et s’adapter. C’est l’évolution.

Si tu ne devais en choisir qu’un, quel conseil donnerais tu aux lecteurs du blog qui veulent faire de plus belles photos ?

Le meilleur conseil que je peux donner est aussi le plus difficile à comprendre : prenez du recul sur votre travail, sur votre vie.

C’est très difficile à comprendre car c’est un cap à passer. Avant ce cap notre cerveau résiste de toutes ses forces pour nous dire : « Oui ton travail est parfait » « Tes amis te disent que c’est bien donc c’est bien ». Il a peur de la somme de travail qu’impliquera le passage de ce cap. Mais c’est essentiel pour aller de l’avant et faire de vraies belles photos qui ont un sens.

Et lorsque vous avez l’impression de prendre du recul, ne vous arrêtez pas là. Prenez en encore plus de recul sur cette impression. Vous ne pourrez devenir meilleur photographe qu’en devenant une meilleure personne.

Une petite question « matos », qu’est ce que tu utilises comme appareils et optiques ?

Petite réponse alors ! Je suis en Canon 5d mkIII (et mkII) avec des focales fixes : 14 f2.8 / 24 f1.4 / 50 f1.4 / 135 f2.

On en est déjà à la saison 3 de « F/1.4 », qu’est ce qui nous attend pour la saison 4 ?

Curieux va !

Il y aura des changements pour la saison 4. J’ai étudié les bons et les mauvais cotés des épisodes déjà réalisés et je vais supprimer les bons pour ne garder que les mauvais. Ou peut être l’inverse, je ne suis pas encore sûr !

Je dois y réfléchir encore …

Les épisodes du dimanche seront plus courts, je vais tenter d’être moins bavard. Les interviews de la semaine seront toujours présentes. Il y aura un deuxième rendez vous vidéo et même peut être une autre chaîne ! Mais j’en dis déjà trop !

Crédits photos : Sébastien Roignant



photographe professionnel
Fred
Photoreporter professionnel pour la presse magazine (Paris Match, VSD, le Figaro Magazine, le Pèlerin, Géo Ado, Stern, etc...)

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